24 novembre 2010

Échelle de Montréal pour l'évaluation des Activités Financières (EMAF)

www.archipel.uqam.ca/1969/1/D1745.pdf
RÉsuMÉ
La valorisation accrue du droit à l'autonomie dans notre société de concert avec le vieillissement démographique entraînent un nombre grandissant de demandes d'évaluation de l'aptitude à gérer ses biens chez les personnes âgées. Afin de pouvoir préserver le plus possible l'autonomie des personnes tout en assurant leur protection, ces évaluations doivent être menées de manière rigoureuse et détaillée. À notre connaissance, aucun outil canadien visant précisément ce type d'évaluation n'a jusqu'à ce jour été publié. Même ailleills, rares sont les instruments évaluant spécifiquement les habiletés liées à l'aptitude à gérer ses biens, et très peu d'études documentent les effets de variables sociodémographiques, de la démence de type Alzheimer (OTA) et des fonctions cognitives sur ces habiletés. Or, l'élaboration d'outils de mesure et une meilleure connaissance des effets de ces variables sont essentielles autant d'un point de vue scientifique, clinique que légal. Cette étude avait donc pour objectif de créer un outil fonctionnel pour évaluer les habiletés financières et d'étudier un ensemble de variables qui pourraient les influencer.
L'expérimentation comportait trois étapes. Une première étape correspondait à la construction d'un instrument bilingue, standardisé et adapté au contexte canadien pour évaluer les habiletés fmancières : l'Échelle de Montréal pour l'évaluation des Activités Financières (EMAF). La deuxième étape consistait à administrer cet instrument et un questionnaire sociodémographique à des personnes francophones et anglophones âgées de 50 à 87 ans sans atteinte cognitive (n = 138) et à des participants atteints de DT A (n = 15). Corrune dernière étape, un sous-groupe de participants sans atteinte cognitive et le groupe de participants atteints d'une OTA ont complété une série d'épreuves neuropsychologiques.
Les qualités psychométriques de l'EMAF ont été estimées. Nos résultats suggèrent que l'EMAF possède une excellente équivalence des versions anglaise et française, ainsi que des indices de fidélité et de validité satisfaisants à excellents. Une structure factorielle conceptuellement cohérente a également été mise en évidence montrant trois domaines fmanciers : Consommation quotidienne (CQ), Gestion des documents financiers (GE) et Suivi des transactions (ST). Nos résultats montrent de faibles effets significatifs pour l'âge et la scolarité pOill plusieurs des épreuves de l'EMAF, alors que la présence d'une OTA, même au stade léger, engendre des difficultés significatives à toutes les habiletés financières évaluées. Ces résultats suggèrent que les habiletés financières, de par leur familiarité, sont peu sensibles aux variables sociodémographiques chez les personnes considérées aptes à gérer leills biens, alors que ces habiletés sont sensibles à une OTA, comme la définition de cette maladie l'indique. Finalement, des corrélations significatives ont été trouvées entre les domaines financiers et de multiples fonctions cognitives. L'attention, la mémoire de travail, les connaissances sémantiques, l'abstraction, la mémoire épisodique et la résolution de problèmes arithmétiques sont les fonctions cognitives qui semblent principalement associées aux habiletés financières. Cette étude constitue tille avancée importante dans le domaine en fournissant un outil fonctionnel utilisable en clinique et en recherche et des données empiriques sur les aspects sociodémographiques et neuropsychologiques à considérer lorsqu'on procède à l'évaluation de l'aptitude à gérer ses biens chez les personnes âgées.
Mots-clés: aptitude, gestion des biens, personnes âgées, vieillissement, démence de type Alzheimer, évaluation fonctionnelle.

22 novembre 2010

Fin de vie : des soins à définir : Un débat délicat | Société | Radio-Canada.ca

Un débat délicat



Le gouvernement du Québec a lancé le 7 septembre une consultation publique sur le droit de mourir dans la dignité. Les audiences se sont tenues à Montréal, Trois-Rivières, Saguenay, Québec et Rimouski.
Elles se poursuivront à Sherbrooke (les 25 et 26 novembre).
La création de cette consultation découle d'une motion adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec en décembre 2009.
L'euthanasie et le suicide assisté, actuellement interdits par la loi, seront abordés. Mais la commission se penchera aussi sur toutes les questions qui touchent les soins à donner en fin de vie. On y parlera entre autres de soins palliatifs et d'acharnement thérapeutique, de refus et d'arrêt de traitement, ainsi que du concept de testament de vie. Ces enjeux font appel à des valeurs dont les interprétations variées peuvent parfois s'entrechoquer. Qu'on pense à la dignité dans la maladie, à l'autonomie des personnes, au caractère sacré de la vie...

Invitation

Nous souhaitons explorer ces questions avec vous. Si vous voulez vous exprimer sur les débats soulevés par la commission, vous pouvez envoyer vos commentaires au bas des pages de ce dossier. Si vous avez dû personnellement faire face à ces choix difficiles, nous vous invitons à nous envoyer un témoignage par courriel à temoin@radio-canada.ca ou à radio-canada.ca/temoin.
audio-vidéo
Daniel Raunet se penche sur la pratique du suicide assisté aux États-Unis et en Suisse Daniel Raunet dresse un portrait de la situation en Belgique, au Luxembourg et aux Pays-Bas, où l'euthanasie est permise. Un professeur de droit de McGill estime qu'il faut maintenir l'interdiction de l'euthanasie et du suicide assisté, explique Caroline Jarry. Des intervenants s'inquiètent d'éventuels abus de l'euthanasie, rapporte Caroline Jarry Les soins palliatifs sont peu accessibles au Québec malgré des besoins importants, rapporte Michel Rochon 24 heures en 60 minutes : les docteurs Serge Daneault et Marcel Boisvert, coauteurs d'un livre sur l'euthanasie, discutent du droit à l'euthanasie ou au suicide assisté. Daniel Raunet fait le point sur la première journée de travaux de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. Caroline Jarry rapporte la position de l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité. Michel Rochon explique l'origine et les objectifs de la commission, et présente le témoignage touchant d'une femme qui a perdu son père. Michel Désautels s'entretient avec le président de la Commission, le député libéral Geoffrey Kelley. Dimanche magazine : Christine Limoges a visité l'unité des soins palliatifs de l'Hôpital Notre-Dame-de-la-Merci, à Montréal, où des patients en fin de vie livrent leurs réflexions sur la mort, et Joane Arcand s'entretient avec une juriste sur cette question. Michel Desautels s'entretient avec le Dr Marcel Boisvert et le Dr Serge Daneault, spécialistes en médecine palliative sur les questions qui sont soulevées par la commission.
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20 novembre 2010

Pourquoi les Canadiens fréquentent tant les urgences? | Santé

Une étude du Conseil canadien de la santé soutient que la raison principale pour laquelle les Canadiens se rendent si souvent dans les salles d'urgence est qu'ils ne peuvent utiliser leurs ressources médicales habituelles les soirs et les fins de semaine.

La recherche rapporte que la fréquentation des salles d'urgence est plus forte au Canada que dans neuf autres pays étudiés. Au cours des deux dernières années, près de la moitié des Canadiens s'étant présentés à une salle d'urgence venaient de constater que leur lieu habituel était fermé. À l'inverse, c'est en Allemagne où cette situation s'est produite le moins souvent, selon l'étude que le Conseil a réalisée en collaboration avec des organismes internationaux.

En ce qui a trait à la capacité d'obtenir une consultation auprès d'un médecin dans les 24 heures suivant un malaise, le Canada se classe dernier

Le bilinguisme : une forme de réserve cognitive - Le blog de mythe-alzheimer.over-blog.com

[...] Les résultats montrent que les personnes bilingues ont été diagnostiquées 4.3 années plus tard et ont rapporté le début des symptômes 5.1 années plus tard que les personnes monolingues. Les deux groupes étaient équivalents sur les mesures du fonctionnement cognitif (MMSE) et du statut professionnel. [...] Craik et al. interprètent leurs résultats en suggérant que le bilinguisme constitue une condition cognitivement exigeante, qui contribue à la réserve cérébrale/cognitive au même titre que les activités sociales et intellectuelles stimulantes.

19 novembre 2010

Le programme OPTIMAH : nouvelles méthodes de soins spécialisés pour les aînés | L'après-midi porte conseil


Le programme OPTIMAH : nouvelles méthodes de soins spécialisés pour les aînés
Les patients sont souvent affaiblis après un séjour à l'hôpital : on reste couché, on ne mange pas comme à l'habitude. Ce n'est pas très grave quand on est jeune et en assez bonne santé, mais c'est un vrai problème pour les personnes âgées. Or, depuis trois ans, un programme s'attache à prévenir les pertes d'autonomies qui peuvent être engendrées par le séjour prolongé à l'hôpital.

Pour discuter du programme OPTIMAH du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM), les deux gestionnaires du programme OPTIMAH : la gériatre Annik Dupras et l'infirmière en soins infirmiers spécialisés Sylvie Lafrenière.


moustaches-make-a-difference-einstein | Fubiz™

La sécurité dans les résidences privées : retrouvez le dossier Wilson sur le site de l'AQDR

L'AQDR au sein du Réseau trousse SOS ABUS accompagne la famille Wilson dans ses démarches contre les responsables ayant causé la mort de Willard Wilson des suites de brûlures par l'eau chaude (à 60°C ) au Manoir de l'Ouest de l'Île à Pierrefonds.

Notre communiqué de presse résume les constats accablants du Protecteur du Citoyen dans son rapport d'investigation : deux décès causés par des brûlures au sein du même établissement en moins de deux ans, laxisme de l'établissement, absence de signalement des décès au coroner par les établissements concernés, lacunes de suivi de l'Agence de santé qui place pourtant 52 usagers du réseau public dans cet établissement privé…

Depuis la conférence de presse nous recevons à l'AQDR de nombreux témoignages de familles rapportant des situations d'abus et de négligences en résidences privées. Combien de morts attendrons-nous avant de renforcer la sécurité des aînés en résidence ?

Nous avons ainsi demandé :

Un contrôle plus rigoureux des directions des Agences de santé dans le suivi des accidents causant des lésions corporelles en résidences, et dans le suivi des rapports de Coroners.

Une enquête sur la gestion des achats de lits dans le secteur privé par la direction de l'Agence de la santé de Montréal.


Dans les journaux

17 novembre 2010

Oncle Bob à l'hôpital par JoDee Samuelson - ONF



Ce court métrage très touchant peut être visionné durant un cours d'enseignement moral et religieux, d'économie domestique ou de formation personnelle. Qu'est-ce qui motive oncle Bob à reprendre des forces et à entamer sa convalescence? D'après vous, pourquoi l'aide et l'encadrement que ses proches lui apportent ne lui font-ils aucun bien? Qu'est-ce qu'Angela représente? En quoi ce film montre-t-il que la jeunesse est plus psychologique que physiologique? Êtes-vous d'accord avec cette affirmation? Comment notre société encadre-t-elle les personnes âgées? Quelle solution de rechange le film propose-t-il?

Elisabeth Lagacé, Notre-Dame-de-Grâce, QC

Un dimanche à 105 ans par Daniel Léger - ONF



Documentaire hommage d'un arrière-petit-fils à son arrière-grand-mère. L'espace d'un dimanche, l'Acadienne centenaire se prête au jeu du cinéma. Filmée dans son quotidien, Aldéa aborde à sa façon des sujets universels. De la toilette du matin jusqu'au «petit coup» avalé d'un trait avant de se mettre au lit, chaque moment est ponctué d'une boutade inattendue ou d'une réflexion existentielle.

9 novembre 2010

Évaluation du Système intégré pour personnes âgées fragiles (SIPA ...

Principales implications pour les décideurs

• Le complexe formé par les maladies chroniques, les épisodes de maladies aiguës, les déficiences
physiologiques, les incapacités fonctionnelles et les problèmes cognitifs est fréquent chez les
personnes de 75 ans et plus;
• Les services sociaux et de santé offerts aux personnes âgées fragiles sont fragmentés, les
incitations financières et organisationnelles ne favorisent pas l’utilisation des moyens les plus
adaptés, et souvent les moins coûteux, tandis que le recours aux services institutionnels est
encore trop fréquent;
• Un projet de démonstration d’un modèle de services intégrés pour personnes âgées fragiles
adapté à un régime d’assurance maladie public et universel a été mis sur pied pour démontrer sa
capacité de rediriger les configurations d’utilisation des services institutionnels vers les services
de proximité;
• Le SIPA est responsable des services peu importe où se trouve la personne sous sa
responsabilité : à domicile, dans une résidence protégée, à l’hôpital ou au centre d’hébergement,
qu’elle utilise les services d’un centre de jour ou d’un hôpital de jour. Cette responsabilité est
assurée par un gestionnaire de cas et une équipe multidisciplinaire;
• Le projet de démonstration du SIPA a utilisé un devis expérimental avec répartition aléatoire des
1 230 participants dans un groupe expérimental recevant les services du SIPA et un groupe
témoin recevant les services habituels disponibles au Québec. Les personnes admises étaient
âgées de 65 ans ou plus, avaient des incapacités fonctionnelles, habitaient en ménage privé dans
trois quartiers de Montréal. Le projet s’est étendu sur 22 mois, soit du premier juin 1999 au 31
mars 2001;
• Les coûts moyens des services de proximité du SIPA (12 695 $) sont de 3 420 $ supérieurs aux
coûts moyens du groupe témoin (9 275 $). Cette somme est compensée par des coûts moyens
supérieurs de 4 312 $ en services institutionnels dans le groupe témoin (22 896 $) par rapport
aux coûts moyens des participants au SIPA (18 583 $). Les coûts totaux de 32 000 $ sont
comparables dans les deux groupes;
• La capacité du SIPA de réduire de 20 % les coûts des services institutionnels est le résultat d’une
diminution significative des coûts des attentes en hébergement dans les lits hospitaliers de courte
durée et du cumul des réductions des coûts des services d’urgence, de l’hospitalisation et de
l’hébergement permanent;
• Les effets du SIPA sur les coûts des services pour les personnes avec plusieurs maladies
chroniques, plusieurs incapacités dans les activités de la vie quotidienne et pour celles vivant
seules ont été particulièrement marqués. Ces résultats indiquent que les effets du SIPA ne sont
pas les mêmes sur divers groupes de personnes;
• Les résultats démontrent qu’on peut attendre des systèmes intégrés de services pour personnes
âgées fragiles une diminution de l’utilisation et des coûts des services hospitaliers et de
l’hébergement, sans augmentation des coûts globaux des services de santé, sans diminution de la
qualité des soins et sans alourdissement du fardeau des personnes âgées et de leurs proches.

Résultats :
Les coûts moyens des services de proximité du SIPA (12 695 $) ont été de 3 420 $ supérieurs aux coûts
moyens du groupe témoin (9 275 $). Cette somme est compensée par des coûts moyens supérieurs de
4 312 $ en services institutionnels dans le groupe témoin (22 896 $), comparativement aux coûts moyens
des participants au SIPA (18 583 $). Les coûts totaux des services sont comparables dans les deux
groupes, soit autour de 32 000 $ sur 22 mois.

Comment s’explique la réussite du SIPA à substituer des services institutionnels par des services de
proximité? Les coûts des attentes d’hébergement en hôpitaux de courte durée sont deux fois plus élevés
dans le groupe témoin que dans le groupe du SIPA. Les différences de coûts des autres services
institutionnels ne sont pas statistiquement significatives. Cependant, les coûts moyens des participants
au SIPA pour les urgences et les hospitalisations de courte durée sont moindres d’environ 10 % à ceux
du groupe témoin.

Des différences importantes dans les coûts de différents services sont observées selon l’état de santé et
les conditions de vie. Premièrement, la disponibilité des services de santé à domicile est supérieure dans
le groupe du SIPA comparé à celle du groupe témoin, et ce pour les personnes avec un plus grand
nombre de maladies chroniques. Par ailleurs, les coûts de l’hébergement sont inférieurs de 9 600 $ dans
le groupe du SIPA pour les personnes ayant moins de maladies chroniques. Le SIPA a diminué les coûts
de l’hébergement permanent de 14 500 $ chez les personnes qui vivent seules. Enfin, les coûts des
hospitalisations de courte durée ont été réduits entre 4 000 $ et 5 800 $ chez les personnes du groupe du
SIPA, comparativement à ceux du groupe témoin, pour celles qui ont des incapacités dans les activités
de la vie quotidienne (AVQ).

Le premier objectif du SIPA a été atteint. Un transfert moyen de 4 000 $ par personne des services
institutionnels aux services de proximité en faveur du SIPA a été observé. Les résultats indiquent des
pistes intéressantes pour comprendre le fonctionnement du SIPA. La réduction des attentes en hôpitaux
de courte durée pour l’hébergement et la réduction des coûts de l’hospitalisation des personnes avec
incapacités dans les AVQ indiquent que le SIPA a exercé ses effets principaux sur l’hôpital comme
« sauf-conduit » vers l’hébergement. La planification du congé hospitalier était l’une des responsabilités
importantes des gestionnaires de cas, et ces derniers pouvaient mobiliser les ressources de proximité
nécessaires à la personne hospitalisée après son séjour.

En conclusion, l’expérimentation du SIPA démontre qu’il est possible de s’engager dans des projets de
démonstration ambitieux et rigoureux au Canada. Les résultats démontrent qu’il est possible d’attendre
des systèmes intégrés de services pour personnes âgées fragiles une diminution de l’utilisation et des
coûts des services hospitaliers et de l’hébergement, sans augmentation des coûts globaux des services
sociaux et de santé, sans diminution de la qualité des soins et sans alourdissement du fardeau des
personnes âgées et de leurs proches.

Une vidéosurveillance intelligente pour les personnes agées - UdeMNouvelles

Il sera bientôt possible de faire installer dans l’appartement des ainés un système de vidéosurveillance permettant de détecter les chutes et d’intervenir en conséquence. (Photo: iStockphoto)
Il sera bientôt possible de faire installer dans l’appartement des ainés un système de vidéosurveillance permettant de détecter les chutes et d’intervenir en conséquence. (Photo: iStockphoto)
Mme Lafleur, 77 ans, est tombée dans son salon. Elle a été prise d'un malaise. Heureusement, une caméra de vidéosurveillance installée dans la pièce détecte sa chute et alerte le CLSC de son quartier. En moins de 10 minutes, les ambulanciers sont sur place.
Hérésie technologique? Pas du tout. Pour les concepteurs de cet équipement, la faisabilité du projet et les avantages qu'il peut procurer sont indéniables. «L'une des particularités de notre système est qu'il filme en circuit fermé et pas de façon continue. La prise d'images est déclenchée seulement lorsqu'il y a une chute, ce qui assure une plus grande protection de l'intimité des gens», indique Jacqueline Rousseau, professeure à l'École de réadaptation et chercheuse à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM).
Mme Rousseau et deux collègues, l'informaticien Jean Meunier, aussi professeur à l'Université de Montréal, et le neuropsychologue Alain Saint-Arnaud, clinicien au CSSS Lucille-Teasdale de Montréal, ont mis au point ce dispositif révolutionnaire qui soutient les ainés dans leur quête d'autonomie. Ce système de vidéosurveillance intelligente qui permet de détecter les chutes, voire de les prévenir, pourrait permettre aux gens âgés de vivre plus longtemps chez eux et soulager, du coup, le réseau de la santé.
Tout a été pensé en fonction de la personne au bout du système. «On a travaillé en parallèle sur les aspects technologiques et éthiques liés à l'intervention tout en ayant le souci de minimiser les couts, précise la professeure Rousseau. On croit que ce dispositif peut plaire aux ainés dont le souhait est de demeurer dans leur maison le plus longtemps possible.»
Savoir, mais pas tout voir
Le système de vidéosurveillance intelligente conçu par l'équipe de l'UdeM n'est en rien comparable aux équipements déjà sur le marché. Le dispositif est constitué de caméras branchées à un ordinateur au moyen d'un circuit informatique sécurisé et il peut être relié à n'importe quel portable ou téléphone mobile. On peut aussi le raccorder à l'ordinateur de la centrale du CLSC ou encore à celui d'une centrale de surveillance privée. «Dès qu'une caméra détecte une activité anormale, comme une chute, le système déclenche instantanément une alarme, permettant ainsi une intervention rapide», mentionne Mme Rousseau.
Jacqueline Rousseau s’intéresse depuis longtemps  au maintien à domicile  des gens âgés.
Jacqueline Rousseau s’intéresse depuis longtemps au maintien à domicile des gens âgés.
Autre particularité: les caméras installées au plafond de différentes pièces produisent des images dont la netteté peut être réglée selon les préférences du client. Dans la salle de bain, par exemple, l'individu peut choisir d'embrouiller l'image afin de ne pas laisser voir sa nudité. «À notre grande surprise, les personnes âgées et les proches aidants rencontrés dans le cadre d'une étude de marché ont dit préférer la transmission d'images nettes même lorsque les caméras étaient situées dans la salle de bain. Car on peut voir si la personne saigne, si elle respire...»
Le répondant qui reçoit le message d'urgence a aussi plusieurs options. À distance, il peut notamment visualiser en direct ce qui se passe à la maison et parler avec la personne qui est tombée ou choisir de n'avoir qu'un contact verbal avec elle. Il est également possible de programmer le système de sorte que des images de la personne puissent être vues pendant les secondes ou minutes qui ont précédé sa chute. «Les intervenants pourront ainsi voir l'élément déclencheur et comprendre ce qui s'est passé. Est-ce que la personne s'est accrochée dans son tapis? A-t-elle eu une faiblesse? Comment la chute s'est-elle produite? Souvent, les gens ne s'en souviennent pas ou ne parviennent pas à relater l'incident. Pour la prévention des chutes et l'intervention, cette particularité du système sera très précieuse», estime Jacqueline Rousseau.
Un logement-laboratoire
Depuis son doctorat en réadaptation à l'Université de Montréal de 1992 à 1997, Mme Rousseau s'intéresse au maintien à domicile des gens et à la mise au point d'instruments d'évaluation. Dans ses études doctorales, elle a élaboré l'instrument d'évaluation EDIPE (pour Évaluation à domicile de l'interaction personne-environnement) ainsi qu'un modèle théorique explicatif de la relation personne-environnement, le Modèle de compétence. Ce modèle a grandement contribué à la conception du dispositif de vidéosurveillance par l'équipe de l'UdeM.
Mais les gens âgés sont-ils réellement intéressés par une telle technologie? Oui, selon une enquête menée par Mme Rousseau et ses collègues auprès de 30 individus ayant déjà fait des chutes à domicile et dont la moyenne d'âge était de 79 ans. La grande majorité des répondants affirment être «très en faveur» du système. Le caractère «peu intrusif» du dispositif de vidéosurveillance les a particulièrement emballés. Même son de cloche de la part des 18 proches aidants rencontrés en entrevue individuelle. «Ces derniers ont dit ressentir beaucoup d'insécurité et un tel système réduirait considérablement leurs préoccupations», relate Mme Rousseau. Elle a également constaté un intérêt marqué de la part des intervenants responsables du maintien à domicile et des gestionnaires du réseau de la santé.
Dès le printemps 2010, les concepteurs entreprendront une étude pilote dans un appartement de trois pièces et demie de l'IUGM auprès d'hommes et de femmes âgés aux prises avec des incapacités motrices. Dans ce même logement-laboratoire, ils ont déjà fait des simulations avec des étudiants. Très performant, le système se distingue par son faible taux de fausses alertes. «En validant la technologie auprès de cette population, nous pourrons aller plus loin dans une panoplie d'applications.»
Les chercheurs prévoient ultérieurement faire des tests auprès des gens atteints de problèmes visuels, de déficits cognitifs (traumatisés crâniens et cas d'ACV et d'Alzheimer) et de déficience mentale. «L'objectif est de déployer le tout dans une résidence normale et de rendre la technologie accessible au plus grand nombre, signale Mme Rousseau. Pour l'instant, une implantation dans les domiciles privés est envisageable pour 2011 auprès d'une clientèle souffrant de problèmes moteurs.»
Dominique Nancy

Maltraitance en hopital et maison de retraite

La France est probablement l'un des pays le plus avancés en matière de prise en charge des personnes agées et déficients mentaux. Ce travail difficile, couplé à une presque totale absence de contrôle de l'extérieur, engendre parfois des phénomènes de maltraitance chez certains personnes hospitaliers, parmi lesquels des médecins.

Article écrit par Raphaël Richard
A la veille du traitement du dossier "dépendance" par le gouvernement Sarkozy, le problème de la prise en charge des personnes agées revient sur le devant de la scène. 5 années de recul sur la prise en charge de ma mère soixantenaire, m'a fait prendre conscience.
Ma mère souffre de problème psychologique depuis sa jeunesse. A 60 ans passés, les services sociaux ont recommandé sa prise en charge par une maison de retraite dans le nord de la ville de Chartres (Les jardins de l'automne, Nogent-le-Phaye, Eure-et-Loir).
Voici un inventaire des phénomènes de maltraitances dont peut être victime une personne âgée, qui intègre une maison de retraite.

1°) Perte des droits de personne majeure

Officiellement, les personnes âgées conservent l'intégralité de leurs droits.

Mais le fonctionnement d'une maison de retraite fait que, dans les rapports au quotidien, la plupart des personnes âgées perdent la plupart de leurs droits fondamentaux: liberté de mouvement, droit de vote, liberté d'expression, liberté de culte.

Ce tableau peut paraître noir mais il correspond à une réalité effective.

Liberté de mouvement

A partir du moment où une personne intégre une maison de retraite, c'est la maison de retraite qui décident des heures et des zones où les résidents (le nom des personnes séjournant en maison de retraite) ont le droit de se déplacer. Si la direction décide que les personnes n'ont pas le droit (toujours justifiés par des raisons de sécurité) de sortir dans le parc ou à l'entour de la maison de retraite, ces dernières se voient limiter dans leur liberté de déplacement. Dans les faits, les personnes en maison de retraite ne sortent presque plus jamais. Leur espace vital pratique est comparable à celui dont dispose les détenus d'une prison ou les pensionnaires d'un internat

Droit de vote

J'ai été extrêmement surpris qu'aucun dispositif ne soit prévu qui permettent aux résidents d'aller voter. La plupart des résidents de la maison de retraite dont je parlent ignorent même s'ils sont encore inscrits sur les listes électorales. Au moment des élections, aucun résident ne vote.

Liberté d'expression

Lors d'une réunion houleuse que j'ai eue en janvier 2010 avec les soignants et médecins de la maison de retraite, ces derniers ont qualifié de dysfonctionnement comportemental, le fait que ma mère parle beaucoup. Parler beaucoup signifiait, dans le cas d'espèce que ma mère interpellait beaucoup les aides soignantes mais également les familles en visite dans l'établissement. Pour rentrer dans la norme, il fallait que ma mère ne parla qu'en des occasions bien précises: lorsque le personnel de la maison de retraite était disponible, durant les repas où lorsque sa famille était là. Les échanges avec les autres personnes résidant dans la maison de retraite sont limités dans la mesure où ces dernières étaient presque tout grabataires et ne parlait presque plus, probablement formatés par la maison de retraite.

Liberté de culte

Un prêtre passe rarement et officie, mais il n'existe pas de lieu dédié au culte où les personnes résidants puissent se rendre lorsqu'ils souhaitent se recueillir. Plus grave encore, les objets de culte ne sont pas respectés par les personnels de la maison de retraite: les différents croix et saint vierges que j'ai pu offrir à ma mère ont été systématiquement cassés dans la mesure où le ménage s'accompagne systématiquement de casse et que les objets de culte sont considérés comme des objets ordinaires. Une fois cassés, ces objets ne sont pas réparés et la maison de retraite ne propose pas de les remplacer.
Un des symptômes de cette perte de statut de majeur est le nom que l'on donne aux personnes: ils deviennent irrémédiablement des résidents. On pourrait parler d'hommes, de femmes ou de personnes, mais on parle de résidents. Ce vocable est révélateur de la façon dont ils sont perçus par les personnels des maisons de retraite.
Au final, dans le fonctionnement quotidien de cette maison de retraite, bien que les personnels soient respectueux, les personnes résidentes deviennent des personnes privées de la plupart de leurs droits fondamentaux. Il s'agit d'une première forme de maltraitance, bien loin des formes de maltraitance extrêmes, mais forme de maltraitance dont aucun adulte ne souhaiterait être victime.

2°) Maltraitance médicale

Les jardins de l'automne sont techniquement un EPAD, c'est à dire une maison de retraite apte à accueillir les personnes souffrant d'handicap et nécessitant des soins spéciaux.
Dans la pratique, la prise en charge médicale est approximative.

Négligences médicales

Lorsque ma mère s'est fracturée le col du fémur le samedi 27 juillet 2007 à 21heures, aucune infirmière n'a estimé nécessaire de la faire hospitalisé, ni même de faire venir un médecin de l'extérieur. Pire, le lendemain, une aide soignante l'a forcée à venir déjeuner en marchant. Ma mère a failli s'évanouir de douleur. Aucun traitement anti douleur ne lui a été donné. Il a fallu attendre le lundi après midi afin qu'elle soit emmenée à l'hôpital et qu'elle soit examinée. 48 heures de souffrances inutiles.
Lors de son retour de l'hôpital de Chartres (où sa prise en charge a été exemplaires) à la maison de retraite un mois plus tard, le médecin de la maison de retraite n'a pas jugé bon d'échanger avec le chirurgien qui l'avait opéré pour arrêter un programme de rééducation. Pire, ne surveillant par le changement du pansement au quotidien, il a laissé la cicatrice s'infecté au point que ma mère a du être réhospitalisée et ré opérée en urgence. Le médecin de la maison de retraite n'a jamais manifesté aucun regret par rapport à la façon dont il avait suivi ma mère. Pour lui, l'absence d'échange avec le chirurgien de l'hopital était normal. Dans la mesure où il n'existe aucun système de contrôle extérieur de son travail, il se savait parfaitement à l'abri.
Il a fallu que j'envoie une série de lettres recommandées afin d'obtenir une remise en cause de sa prise en charge et que j'obtienne la mise sur pied d'un programme de rééducation: sans cette intervention de ma part, elle ne serait jamais parvenue à remarcher.

Abus de pouvoir

La fin de son séjour à la maison de retraite "Les Jardins de l'automne" a été marqué par un dernier abus de pouvoir: le médecin a demandé l'internement en hopital pyschiatrique à la demande de tiers de ma mère, dont le comportement était jugé ingérable par la maison de retraite: vomissements répétés, pipi au lit, besoin de communiquer anormalement élevé par rapport à ce qui était acceptable dans la maison de retraite. Ces différents symptômes ont été qualifiés comme relevant de la psychiatrie par ce médecin et la psychologue nouvellement arrivée dans la maison de retraite.
Hospitalisée à l'hopital psychiatrique du Coudray, ma mère vécu quelques semaines dans l'espoir qu'elle pourrait retourner à la maison de retraite. C'est en tout cas, ce que lui ont promis les personnels de l'hopital afin de calmer ses angoisses. On lui a donc menti de façon éhontée. Pourtant, interrogées de façon non officielle, les infirmières m'ont indiqué qu'elles ne comprenaient pas pourquoi ma mère avait été hospitalisée et que son cas ne justifiait pas une hospitalisation.

Le lendemain de son 65ieme anniversaire, le 25 mai 2010, la décision a été prise de la transférer dans. Evidement, rien n'a été fait pour préparer ma mère à ce transfert. On lui a simplement indiqué quelques jours plus tard, qu'elle était trop vieille pour rester dans cet hopital.

Incompétence

Elle a donc été transférée à l'hôpital de Bonneval où elle a eu le droit à la procédure 'nouvel arrivant': bourrage de calmants alors qu'elle n'était pas agitée. Trois semaines plus tard, elle subisssait toujours le même traitement et j'ai retrouvé une vieille femme honteuse de baver devant son fils venu la chercher pour aller au restaurant. J'ai tenté de rencontrer le médecin ce samedi après midi pour lui indiquer que j'était inquiet du traitement fait à ma mère et que je redoutais que son état se dégrade. Ce dernier a refusé de ma rencontré. 5 jours plus tard, elle quittait l'hopital psychiatrique de Bonneval suite à une crise d'épilepsie et dans un état semi comateux. L'hopital de Chateaudun ne la garda pas plus de 12 heures car elle sombra dans un coma total, qui nécessita son transfert à l'hopital de Chartres. Exemplaire, le service réanimation de l'hopital de Chartres parvint à "récupérer ma mère" après 10 jours de comas entre la vie et la mort, avec pronostic vital engagé.

Trois semaines plus tard, le service de neuroglogie de l'hopital de Chartres découvrit la cause de la crise d'épilepsie de ma mère: buvant nerveusement de grandes quantité d'eau, ma mère souffrait de natrémie (trop grande dilution des sels dans le sang) qui avait provoqué la crise d'épilepsie. C'est également cette trop grande consommation d'eau qui provoquait les vomissements à la maison de retraite. Le médecin de la maison de retraite avait été incapable en deux ans, de réaliser ce diagnostic, ce qui l'avait amené à conclure que ces vomissements étaient délibérés et d'origine psychiatrique.

Maltraitance et curatelle

Les curateurs ont des personnes nommées par un juge des tutelles afin de protéger les finances des personnes jugées incapables de les gérer elles-mêmes.
En théorie, la loi ne mandatent ces personnes que pour gérer ses finances.
La curatrice de ma mère lui a indiqué lors de son séjour à l'hopital de Chartres, qu'elle "ferait ce qu'on lui dirait et qu'elle irait où elle aurait de la place" (ie: dans les maisons de retraite où il y aurait de la place).

La sous alimentation

Durant les 12 premiers mois de sa présence à la maison de retraite, ma mère s'est plainte d'avoir faim. J'ai attendu afin d'en faire part aux soignantes présentes lors de mes passages le week end. Ces dernières me répondaient que ma mère ne se plaignaient jamais durant les repas. Lorsqu'elle développa une infection suite aux négligences consécutives à sa fracture du col du fémur, j'ai constaté qu'elle maigrissait semaine après semaine. J'ai alors insisté dans un courrier envoyé à la maison de retraite sur ce problème d'alimentation. Le directeur me répondit que les repas étaient étudiés par une nutritioniste et qu'ils étaient parfaitement adaptés aux besoins des "résidents". En insistant, j'ai découvert que les partions étaient les mêmes pour tous les résidents, quelque soient leur âge, leur morphologie ou leur activité physique. Ma mère avait donc effectivement faim depuis plusieurs mois, sans que personne ne reconnaisse cette faim.
On voit donc, que dans un pays avec un système de santé que la plupart des habitants de la planète nous envie, les personnes en situation de faiblesse peuvent être l'objet de maltraitance, non par des torsionnaires, mais par des personnes peu motivées, incompétentes et faisant preuve de peu de trop d'empathie.

7 novembre 2010

La Facture -les résidences privées pour personnes âgées

Émission du mardi 9 novembre 2010


Société | Reportages

Le coût des soins de santé en résidence privée

Dans les résidences privées, les personnes âgées payent leur loyer ainsi que les soins qu'elles reçoivent. Mais, bien souvent, ces soins sont offerts sans une évaluation préalable de leur condition. De plus, les tarifs sont fixés par les propriétaires des résidences. Il arrive que des personnes âgées payent pour des services dont elles n'ont pas besoin, ou encore qu'elles ne reçoivent pas les services nécessaires. Dans le secteur public, cependant, on utilise une grille d'évaluation pour connaître avec exactitude les soins requis, qui sont administrés gratuitement. Deux poids deux mesures?

5 novembre 2010

La Psychogériatrie

La psychogériatrie


Appréhender la vulnérabilité psychique des personnes âgées.


Caractéristiques

  • 128 pages
  • 9.00 €
  • Numéro : 3333
  • ISBN : 978-2-13-057681-5
  • N° d'édition : 3
  • Date de parution : 18/11/2009


L'ouvrage

La psychogériatrie est une approche pluridisciplinaire qui a pour objet de comprendre, de soigner, d’apaiser et d’accompagner les personnes âgées souffrant de difficultés psychologiques ou d’un trouble psychiatrique caractérisé, qu’elles aient ou non un état démentiel associé. Cette pratique se développe à domicile, dans les Établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD) mais aussi, bien que faiblement encore, dans les services de psychiatrie.
Des médecins aux aumôniers des hôpitaux, des assistantes sociales aux diététiciens, des bénévoles d’associations aux psychologues, la psychogériatrie implique tous les professionnels du secteur social, paramédical et médical.


À lire également
Les techniques de lutte contre le vieillissement, Christophe de Jaeger
La maladie d'Alzheimer, Denis Brouillet et Arielle Syssau


Table des matières

IntroductionPsychogériatrie : une définition globale
Une variété de troubles
Une variété d'âge et de vieillissement
Une variété de médecins
Une variété de lieux
L'appui sur des références théoriques
Psychogériatrie : l'augmentation des besoins de cette approche multidisciplinaire

Chapitre premier. — Les troubles névrotiques des personnes âgées
Fréquence
Présentations cliniques
Diagnostic
Les erreurs diagnostiques
Évolution
Traitements

Chapitre II. — Les troubles psychotiques des personnes âgéesLes délires schizophréniques vieillis
Les délires non schizophréniques
Les délires d’apparition tardive
Diagnostic
Les erreurs diagnostiques
Traitements

Chapitre III. — Les dépressions des personnes âgéesFréquence
Les symptômes
Présentations cliniques
Diagnostic
Les erreurs diagnostiques
Évolution
Traitements

Chapitre IV. — Les épisodes confusionnels des personnes âgées
Fréquence
Présentations cliniques
Diagnostic
Les causes des états confusionnels
Les erreurs diagnostiques
Évolution et risques évolutifs
Les traitements

Chapitre V. — Les états démentiels des personnes âgées
Introduction
Classification
Diagnostic d’une démence de type Alzheimer
Erreurs diagnostiques
Évolutions
Traitements médicamenteux et approches non pharmacologiques

Chapitre VI. — Les autres situations
Les personnes âgées se plaignant de leur sommeil
Les personnes âgées se plaignant de douleurs
Les personnes âgées dont une pathologie somatique est révélée par un symptôme psychiatrique
Les personnes âgées malades alcooliques
Les personnes âgées avec un retard mental léger
Les personnes âgées immigrées
Les personnes âgées maltraitées et le rôle de l'ANESM
La vie affective et sexuelle des personnes âgées
Le suicide des personnes âgées
La mort des personnes âgées

Glossaire
Histoires
Bibliographie


A propos des auteurs

Jean-Claude Monfort est neurologue, psychiatre et gériatre.

La Psychogériatrie

La psychogériatrie est une approche pluridisciplinaire qui a pour objet de comprendre, de soigner, d’apaiser et d’accompagner les personnes âgées souffrant de difficultés psychologiques ou d’un trouble psychiatrique caractérisé, qu’elles aient ou non un état démentiel associé.
Jean Claude Monfort « Que sais-je? »

Une Variété de Troubles :

Les troubles psychiatriques : maladies nerveuses, maladies mentales, troubles de la santé mentale ou troubles fonctionnels (pas de substratum anatomique lésionnel connu) installées pendant l’enfance ou la vie d’adulte et qui peuvent évoluer avec l’avance en âge (névroses vieillies, psychoses vieillies).
Les troubles de la personnalité : maladies psychiatriques qui font éclosion lors de l’avance en âge, après 65 ans (troubles d’involutions ou troubles d’apparition tardive).
Les états démentiels : baisse des performances cognitives liées à des lésions cérébrales avec pertes de neurones (irréversible).
Les épisodes confusionnels : perte des repères, désorientation par épisode (réversible). Vulnérabilité.
L’une des particularité des personnes âgées est le cumul des maladies et la fréquence de l’association d’une maladie psychiatrique, d’un trouble de la personnalité, d’un état démentiel et d’un épisode confusionnel.


Une Variété d’Âge et de Vieillissement :

« Jeunes personnes âgées » : 60 à 85 ans et « personnes âgées-âgées » de plus de 85 ans
On avance en âge : une vieillesse réussie peut se dérouler sans maladies spécifiques. Plus on avance en âge, plus l’espérance de vie diminue.
Le vieillissement pathologique : risque de développer une ou plusieurs maladies (cardio-vasculaires, cancers, maladies neurologiques comme les états démentiels, et même aussi les maladies psychiatriques).
Le vieillissement réussi : objectif d’un projet de vie. Les personnes dont l’avance en âge est réussie peuvent souffrir de leur santé physique et psychique. Cet état de santé peut avoir des hauts et des bas, mais il reste suffisamment bon pour assurer un goût à la vie qui est éprouvé par l’intéressé et observé par les tiers. Elles ont conservé des liens affectifs, des liens familiaux, amicaux, sociaux. Elles gardent des activités manuelles, sportives intellectuelles, artistiques, culturelles. Elles n’ont pas particulièrement envie que cette avance en âge soit interrompue, mais elles sont prêtes à accepter la mort quand elle viendra. L’angoisse de la mort reste supportable et n’a pas le pouvoir de désorganiser la vie psychique.


Une Variété de Médecins :

Le Médecin généraliste : à la fois le gériatre et le psychiatre « psychogériatre masqué », il repère et soigne la majorité des souffrances gériatriques, psychologiques et psychiatriques.

Le Neurologue : il est consulté pour des plaintes mnésiques qui cachent parfois une souffrance anxio-dépressive.

Le Gériatre : nombreux gériatres ont une approche psychogériatrique en assimilant la gériatrie en une branche de la psychiatrie.

Le Psychiatre : il est peu consulté par les personnes âgées et a donc finalement peu d’expérience dans ce domaine où sont étroitement mêlés trouble psychiatrique, état démentiel et épisode confusionnel.

Le psychogériatre : dans un contexte pluridisciplinaire, il va chercher à comprendre et à soigner une personne âgée en situation de détresse psychologique.


Les Troubles Névrotiques des Personnes Âgées :

Pourrait être lié à un « conflit non conscient » remontant à la petite enfance (0 à 3 ans : ses traumatismes et ses troubles de l’attachement). Durant la vie à l’âge adulte un mécanisme de défense se serait mis en place pour diminuer l’anxiété. Éclosion d’un mal être au-delà de 85 ans. Utilisation de tranquillisants et d’alcool pour calmer les plaintes corporelles et psychologiques. Symptômes de l’anxiété et de la dépression. Chez les sujets dont la biographie est chargée avec des épisodes dépressifs, on doit se poser la question de troubles névrotiques (tendance à privilégier à priori les troubles de l’humeur).
Rareté des névroses diagnostiquées : Les sujets névrosés, comme les personnes ayant un trouble psychiatrique, présentent une surmortalité. Les personnes en avançant dans l’âge ont plus de réticence à confier leur état de stress. L’attribution d’un état anxieux à une pathologie médicale ou chirurgicale (cancer, accident vasculaire, infarctus…), plutôt qu’à une névrose sous-jacente qui restera méconnue. On parle de « dépression névrotique » 10% des plus de 65 ans contre seulement 2,5% de névroses déclarées. « La dépression est la névrose des personnes âgées ». Donc : 12,5% de la population de + 65 ans.

1/ La Névrose d’Angoisse Vieillie :

Trois éléments vont générer de l’angoisse :
  • Proximité de la mort qui se rapproche avec l’âge
  • Risque de perte d’autonomie
  • Peur de l’isolement
Les états anxieux généralisés comportent trois types de manifestations :
  • Une insomnie est facilement l’objet d’une plainte. Signe d’hypervigilance, sursaut au bruit, impossibilité de tenir en place, difficulté à maintenir sa concentration, sensation de tête vide, tension intérieure, irritabilité. La personne fera une demande de tranquillisant ou d’un somnifère.
  • Hyperactivité du système du système nerveux végétatif. Vertiges, tension musculaire avec douleurs dos, céphalées, fatigabilité musculaire, tremblements, sueurs froides ou bouffées de chaleur, bouche sèche, boule dans la gorge, dyspnée et oppressions thoraciques, sensation d’étouffement, barre ou crampes dans l’estomac, pesanteurs abdominales, diarrhée, constipation, tension vésicale avec envie fréquente d’uriner.
  • Anxiété idéique avec ruminations anxieuses (non verbalisées) exprimée de manière sibylline (« la solitude n’est pas jolie »).
Les attaques de paniques sont souvent méconnues ou considérées comme des épisodes d’agitation. L’utilisation de la sonnette de manière itérative est souvent considéré comme un trouble du comportement plutôt que comme un trouble de panique.

2/ La Névrose Phobique Vieillie :

  • Stabilisation de la névrose avec qqs symptômes résiduels.
  • Aggravation de certaines phobies : par exemple une agoraphobie non diagnostiquée se caractérise par un confinement chez soi.

3/ La Névrose Hystérique Vieillie :

  • Avidité affective épuisante
  • Episodes paroxistiques de conversation. États de stupeur, pseudo-adynamie, puérilisme aigu, pseudo-mélancolie. Peut tomber en qqs heures à un niveau zéro de dépendance.

4/ La Névrose Obsessionnelle Vieillie :

Univers ritualisé. Avec l’avance en âge, la survenue d’une maladie somatique ou une décompensation dépressive conduit à l’hospitalisation.

5/ Les Névroses d’Involution ou Névroses de Révélation Tardive :

Théorie selon laquelle des états névrotiques, constitués dès la petite enfance, latents à l’âge adulte, bien compensés de manière inconsciente, pourraient se révéler tardivement après 65 ans suite à un stress majeur.
  • Trouble dissociatif (conversion hystérique) du à un traumatisme psychique : toutes les fonctions neurologiques (motrices, sensitives…), sensorielles (vision, audition…) et cognitives (mémoire, langage, gestes…) peuvent être désactivées ou hyperactivées. Exemple d’une hyperactivation de la fonction auditive)
  • Importance de l’angoisse transformée et investie dans le corps. Angoisse hypocondriaque.
  • Syndrome du fauteuil : peur de la chute.
  • Stress post-traumatique d’involution : chute, incontinence, maladie somatique grave, décès du conjoint, agression dans la rue, maltraitance… provoquent un refus du patient à continuer à avancer dans l’âge. Stop. Syndrome de diogène (demande plus rien), syndrome de glissement…
  • A l’approche de la mort, certains sujets acceptent, d’autres se révoltent ou essaient d’échapper en présentant un état d’agitation anxieuse.

6/ Traitements des Névroses :

  1. Anxiolytiques : Une benzodiazépine en cure courte peut-être utilisée mais à une dose la plus faible qui soit (pour éviter le risque de sédation), pendant la période la plus courte qui soit (éviter la dépendance). Voie sublinguale (trois gouttes de Diazépam) pour un effet immédiat.
  2. Antidépresseur : Traitement de fond des attaques de panique et du trouble obsessionnel.
  3. Traitement des facteurs qui ont pu favoriser l’aggravation.
  4. Relation d’aide : Redonner à la personne âgée une confiance dans sa capacité à surmonter une période de crise. « Essayez de vous débrouiller tout seul, vous en avez les capacités »!
  5. Psychothérapie.

Les États Démentiels des Personnes Âgées :

La course évolutive d’un état démentiel peut comporter au moins cinq moments clés qu’il importe de ne pas rater
  1. le repérage précoce
  2. la recherche d’une cause curable
  3. l’annonce de la mauvaise nouvelle
  4. le passage en institution
  5. le passage de la vie à la mort
Cette évolution peut être favorable ou émaillée de troubles du comportement pour lesquels il faut chercher une cause curable. C’est la préence, ou l’absence, de troubles du comportement qui va conditionner la qualité de fin de vie d’une personne ayant un état démentiel.
Définition : Les états démentiels sont des diminutions des performances cognitives, d’installation progressive, d’évolution irréversible, pour lesquelles les explorations n’ont retrouvé aucune cause curable. Perte de neurones et lésion du cortex cérébral. 5% des plus de 65 ans, 33% des plus de 85 ans.
  • Une personne ayant un état démentiel n’a pas obligatoirement de troubles du comportement. L’évolution d’une démence « simple » restera une épreuve pour l’entourage, mais cette épreuve peut être supportée.
  • Lorsque l’état démentiel est associé à des troubles du comportement, alors l’évolution risque d’être épuisante pour l’entourage et les soignants. Il est souhaitable de ne pas imputer les troubles du comportement à la démence. Il faut chercher une cause curable qui peut permettre de faire disparaître les troubles du comportement (pathologie psychiatrique, état dépressif, pathologie somatique…)
Les Différents types de Démences :
Dégénératives de type Alzheimer : 50% des cas. C’est l’ensemble des états démentiels dégénératifs qui sont dits « séniles ».
  • La maladie d’Alzheimer. – Elle donne dans sa forme typique un syndrome aphaso (trouble du langage du à une atteinte cérébrale se traduisant par des perturbations de l’expression et/ou de la compréhension du langage )-apraxo (incapacité d’exécuter des actes volontaires adaptés )-agnosique (trouble de l’identification des perceptions). L’examen anatomo-pathologique montre une atrophie corticale prédominant dans les régions pariéto-temporo-occipitales.
  • La maladie de Pick et les démences fronto-temporales. – Indifférence, désinhibition, absence d’inquiétude et euphorie. L’imagerie cérébrale montre une atrophie corticale prédominant dans les régions frontales et temporales.
  • La démence à corps de Lewy. – Evolution plus rapide et plus compliquée avec de nombreux épisodes confuso-hallucinatoires, des chutes, une hypertonie extrapyramidale et une vulnérabilité extrême aux neuroleptiques (contre-indiqués).
  • Autres démences à début focal. - Une seule région du cortex est touchée et atteint une seule fonction cognitive (6 mois à dix ans entre le début et la progression).
Les Démences Vasculaires : 20% des cas. Dues à des troubles de la vascularisation cérébrale (70 causes).
Les Démences Mixtes : 20% des cas. Association d’une démence type Alzheimer et d’une démence vasculaire.
Les Autres Démences Rares : 10% des cas. Maladie de Parkinson (la plus courante).
Les Évolutions :
On pourrait opposer deux types de malades : d’une part, ceux qui n’ont qu’une perte de leurs performances cognitives ; d’autres part, ceux qui ont des troubles du comportement.
Évolution favorable. - elle est possible à domicile et dans les petites institutions spécialisées avec évitement des médicaments sédatifs, forte stimulation par kiné, animateurs, éducateurs spécialisés et le soutien des familles. La fin de vie peut être heureuse, car insouciante.
Troubles du comportement et évolutions défavorables. – C’est la présence de ces troubles qui va rendre les malades difficiles et va épuiser les familles et les soignants.
  • Types de troubles : Confusion (accentué le soir), insomnie ou inversion de rythme nycthéméral avec déambulations nocturnes, trouble du comportement alimentaire, incontinence urinaire (favorisée par les benzodiazépines), hyperactivité sexuelle et alimentaire, incapacité à rester immobile, errance et fugues, anxiété, peurs, rituels, isolement, désinhibition comportementale et sexuelle, euphorie, idées délirantes de méfiance et hallucinations, exigences capricieuses, agitations, cris, hurlements, rage et violence.
  • Trois conséquences : Prescription de sédatifs à forte dose (état de confusion stuporeuse puis grabatisation), isolement et repli sur soi (état végétatif et grabatisation), harcèlements et avidité affective incessantes (épuisement des familles et des soignants).
  • Les causes : la philosophie souhaitée consiste à faire une enquête à la recherche des causes curables. Au niveau médico-chirurgical, iatrogène (médicaments), environnemental, psychiatrique.

Les Dépressions chez les Personnes Âgées :

Ce sont les troubles les plus réversibles. Effort pour améliorer le dépistage. 15% des personnes âgées à domicile et jusqu’à 65% en institution prennent des antidépresseurs.

4 novembre 2010

Interpréter les troubles cognitifs dans les troubles thymiques à l’âge avancéMedHyg.ch

Revue Médicale Suisse
Auteur : C. Delaloye

Numéro : 3244
Sujet: Gérontologie

Chez l’adulte âgé, les troubles cognitifs s’associent fréquemment à la dépression. A travers deux histoires cliniques, nous aimerions montrer qu’il est essentiel de ne pas réduire immédiatement le trouble cognitif à un trouble organique mais qu’il convient de l’interpréter en fonction de la place qu’il peut prendre dans la vie psychique du sujet. Le cas de Mme R. mon tre qu’un bouleversement psychique peut déboucher sur un désordre cognitif par des phénomènes de régression psychodynamique et l’histoire de Mme S. nous rappelle que le fonctionnement cognitif du patient peut fluctuer en fonction de la conflictualité psychique et ceci même dans le contexte d’une maladie neurodégénérative. Le trouble cognitif est donc à con sidérer comme un symptôme dont il convient de définir l’origine et le sens.


introduction
La dépression est généralement définie au premier plan par un trouble de l'humeur, mais elle est également souvent carac térisée chez l'adulte âgé par des troubles cognitifs.1 On entend généralement par trouble cognitif une réduction des aptitudes intellectuelles, associée ou non à des lésions cérébrales. Selon les études, 17 à 36% des patients déprimés âgés de plus de 65 ans présentent un déficit cognitif, cette proportion s'accentuant encore avec l'avancée en âge. Notre pratique clinique auprès de patients hospitalisés dans des unités de soins en psychiatrie gériatrique nous montre l'importance de nous interroger sur le sens à donner au trouble cognitif, c'est-à-dire à envisager sa dimension psychopathologique et non seulement son caractère symptomatique.

trouble cognitif dans la dépression
Une évaluation neuropsychologique pour être utile se doit de dépasser une «simple» comptabilité psychométrique des performances du patient déprimé conduisant à une «catégorisation».2 En effet, le bilan neuropsychologique ne prend sens que s'il s'accompagne d'une interprétation qualitative des profils de performance au regard de l'histoire du sujet. Les sujets âgés déprimés eux-mêmes, à travers l'intensité et la fréquence de leurs plaintes mnésiques, nous demandent de les aider à donner sens au trouble de la mémoire que celui-ci soit réel, imaginaire, amplifié ou minimisé. En effet, notre mémoire, en créant de la permanence au niveau de notre être, soutient notre identité. On peut ainsi con sidérer la plainte de mémoire comme le signe d'un démantèlement, d'une menace de l'identité.3,4 La plainte mnésique du patient déprimé nous renvoie donc directement à sa vie psychique.
L'adulte âgé est confronté à des pertes nombreuses et diverses (retraite, décès d'un proche, déplacement de lieu de vie, hospitalisation, traumatisme affectif opérant une faille narcissique...) qui mettent parfois à mal son identité. Jack Messy 5 pense que l'apparition de la vieillesse se ferait à l'occasion d'une rupture brutale de l'équilibre entre pertes et acquisitions. Cet événement s'assimilerait à une perte, une de plus, une de trop, qui laisse le sujet incapable de ré élaborer la phase dépressive.6 Cette affirmation implique que l'évé nement qui va provoquer l'entrée dans une nouvelle crise identitaire peut paraître insignifiant pour l'entourage et à ce titre passer inaperçu tout en étant dans la vie psychi que du sujet très important. L'individu deviendrait alors âgé et s'inscrirait dans une image négative ; le «vieux» ne se verrait ainsi plus objet de désir : «C'est pas beau de vieillir». L'issue de cette nouvelle crise identitaire va dépendre de la qualité du narcissisme de l'adulte âgé ou plus largement de la possibilité de s'appuyer sur ses défenses antidépressives habituelles. En effet, parfois l'entourage a per mis de compenser durant toute une vie une grande fragilité narcissique. Pour un certain nombre d'individus, cette nouvelle crise identitaire est insurmontable et face à un vécu douloureux et angoissant, l'oubli pourrait être une solution. Rappelons que face à la souffrance psychique, ne plus penser, oublier est un but fréquemment recherché.7,8 L'oubli ne doit donc pas être uniquement pensé chez le sujet âgé comme une perte de capacité mnésique. Il nous paraît ainsi essentiel de nuancer le déficit cognitif en fonction de la place qu'il peut prendre dans la dynamique psy chique du sujet.
Nous souhaiterions illustrer au travers de deux cas comment une lecture à la fois cognitive et clinique permet une meilleure écoute des patients âgés déprimés.

Cas de Mme R.
Madame R., âgée de 74 ans, sans enfant, développe un état dépressif sévère chronique suite au décès de son mari. Elle sera ainsi hospitalisée à plusieurs repri ses. Lors de son troisième séjour, l'équipe soignante s'interroge face aux oublis massifs de Mme R. : elle émet les mêmes demandes répétitives chaque jour, est dé sorientée dans le temps, pense toujours qu'elle participe pour la première fois à un groupe de parole alors qu'elle le fréquente depuis plusieurs mois (présence d'oublis à mesure). Un bilan neuropsychologique met alors en évidence des troubles mnésiques et exécutifs. Le profil de performance mnésique est peu compatible avec celui généralement observé lors d'un état dépressif (performance non améliorée sur indiçage séman ti que,a présence d'intrusions,a trouble de la recon nais sance,a performance homogène entre différents tests mnésiques). De plus, les performances mnésiques se sont péjorées par rapport à une évaluation cognitive réa lisée deux ans plus tôt. En l'absence de signes particuliers à l'IRM, hormis une maladie des petits vaisseaux, le bilan neuropsychologique conclut à un trouble cognitif léger. De plus, le rapport souligne que les trou bles mnésiques observés au quotidien sont plus envahissants que ceux observés lors du bilan neuropsychologique. Cette divergence questionne la place du trou ble cognitif dans le fonctionnement psychique de la patiente.


Cette évaluation cognitive a conforté l'hypothèse d'un déni ou autrement dit d'un désir d'oublier chez Mme R. Il semble que face à sa situation insupportable, la patiente ait développé un déni qui se manifeste notamment par des difficultés cognitives. Celui-ci lui permet d'éviter la con frontation à de nouveaux conflits psychiques internes ou externes (contexte familial conflictuel, choix d'un lieu de vie). Au fur et à mesure du travail psychothérapeutique, le déni de Mme R. a pu régresser, la patiente pouvant par moments élaborer de manière adéquate ses difficultés mais souvent au prix d'une recrudescence de sa dépression. Dans l'un de ces moments de «conscience», Mme R. a pu nous dire qu'en perdant son mari, sa maison s'est effondrée, qu'elle avait encore ses fondations mais qu'elle n'avait plus la force de la reconstruire «brique par brique». Dès lors, son déni est devenu plus acceptable pour l'équipe soignante, qui a moins ressenti le besoin de confronter la patiente à la réalité puisqu'elle avait trouvé sa solution (oublier) dans un contexte de compensation impossible de pertes psychologiques. Cette acceptation a probablement permis à Mme R. d'obtenir des performances cognitives dans la norme lors d'une seconde évaluation neuropsychologique réalisée un an plus tard. La réversibilité du trouble cognitif confirme donc l'hypothèse de troubles cognitifs «au service» du déni chez Mme R.
Le cas de Mme R. est loin d'être une exception dans notre pratique clinique quotidienne et doit, à notre avis, inciter à une grande prudence dans l'interprétation des performances neuropsychologiques chez l'adulte âgé déprimé et ceci même lorsque le profil cognitif suggère une atteinte organique débutante.

Cas de Mme S.
A travers l'histoire de Mme S., nous aimerions montrer que même dans le contexte d'un diagnostic de maladie d'Alzheimer posé, le fonctionnement cognitif du patient peut fluctuer en fonction de sa conflictualité psychique.

Mme S., âgée de 73 ans, sans enfant, est hospitalisée en raison d'idées suicidaires suite au décès de son mari. A son arrivée à l'hôpital, la patiente présente des trou bles du comportement (jette ses affaires par la fenêtre, insulte les soignants) associés à des idées de persécution. Elle présente également un certain déni quant à la mort de son époux, celui-ci étant par ailleurs fortement idéalisé. Au fur et à mesure des semaines, les troubles du comportement et les idées de persécution vont s'atténuer contrairement au déni de la mort de son époux. L'équipe soignante constate par ailleurs des difficultés cognitives importantes, notamment des oublis au fur et à mesure. Un bilan neuropsychologique objective alors une atteinte sévère de la mémoire épisodique (performance non améliorée sur indiçage sé mantique,a présence d'intrusions a), une désorientation temporo-spatiale sévère, des difficultés importantes en dénomination avec une probable atteinte sémantique ainsi qu'une atteinte modérée à sévère des fonctions exécutives. Le bilan neuropsychologique conclut alors à un tableau compatible avec une maladie d'Al zheimer à réévaluer après l'amendement du trouble de l'humeur.
La conclusion de l'évaluation cognitive provoque dans un premier temps une attitude démissionnaire dans l'équipe soignante qui souhaiterait un transfert rapide dans une unité de soins pour patients avec trouble cognitif. Une lecture psychodynamique du bilan effectué modifie progressivement cette attitude. Est-ce que les troubles cognitifs de la patiente empêchent tout travail psychologique ? Est-ce que toutes les difficultés de la patiente s'expliquent par son atteinte organique ? La personne de Mme S. réapparaît et son diagnostic de maladie d'Alzheimer n'est plus au pre mier plan. Par exemple, l'équipe constate que les troubles cognitifs de la patiente fluctuent beaucoup en fonction de son état émotionnel. Un travail psychologique, notamment un travail sur le deuil de son époux, s'entreprend. On relève alors de plus en plus d'authenticité et de reconnaissance de la réalité, le déni s'estompe progressivement et une image plus nuancée de son mari et de leur vie de couple apparaît. La thymie de la patiente s'améliore alors nettement et parallèlement on constate une amélioration, mais non une disparition, de ses troubles cognitifs. L'amélioration est cependant suffisante pour que la patiente puisse par exemple à nouveau se promener seule sur le domaine de l'hôpital sans se perdre. Mme S. semble donc surtout oublier lorsqu'elle est confrontée à des difficultés que son psychisme ne peut supporter; elle a alors besoin de les mettre à distance. Le travail psychologique a permis à la patiente de pouvoir progressivement se représenter cet insupportable, ce qui a eu pour conséquence une amélioration de ses capacités mnésiques (réversibilité).

lien entre dépression et démence
L'oubli peut être un mécanisme défensif, une solution pour faire face à un vécu douloureux et angoissant. Dans ce sens, Chevance 9 questionne le lien entre dépression et démence. Messy 5 se demande aussi si le sujet âgé pourrait trouver une issue à la dépression en développant des troubles cognitifs. Les données de la littérature concernant le lien entre dépression et démence ne sont pas consensuelles, probablement en raison d'une grande hétérogénéité de la population dépressive. La présence ou l'absen ce de traitement antidépresseur au moment de l'évaluation, le statut médical du patient déprimé (hospitalisé, ambulatoire), la sévérité de la dépression, la récurrence des épi sodes, de même que l'âge de survenue du premier épisode dépressif, sont autant de facteurs susceptibles d'expliquer ces résultats contradictoires. Il existe cependant un certain consensus pour considérer qu'une dépression à début tardif (après l'âge de 60 ans) et/ou qu'une atteinte cognitive lors de l'épisode dépressif sont deux facteurs de risque d'une évolution défavorable des troubles cognitifs. Con cer nant les dépressions associées à des troubles cognitifs dans l'âge avancé, plusieurs études longitudinales10 ont montré que l'évolution vers une démence est habituelle. Ces résultats suggèrent donc qu'une fragilité particulière sur le plan psychopathologique pourrait favoriser la survenue d'une démence. Il nous paraît dès lors essentiel de prévenir cette évolution en proposant des interventions psychothérapeutiques aux patients âgés déprimés, particulièrement à ceux qui présentent des troubles cognitifs. Dans ce contexte, la double lecture, cognitive et clinique, des troubles neuropsychologiques prend tout son sens.

conclusion
La dépression à l'âge avancé s'accompagne souvent de troubles cognitifs, notamment de difficultés mnésiques. Il nous paraît essentiel de pouvoir penser ces troubles de la pensée en interprétant qualitativement le profil de performances cognitives au regard de l'histoire de vie du sujet. Le trouble cognitif est alors considéré comme un symptôme dont il convient de se soucier de son origine et de son sens.


a Voir lexique.



Bibliographie : 1 Delaloye C. Troubles cognitifs et affect dépressif. In : M. Gaillard, & P. Giannakopoulos (Eds). Abrégé de psychiatrie de l’âge avancé. Genève : Médecine & Hygiène, in press. 2 * Brouillet D, Martin S. La psychologie cognitive à l’écoute du vieillissement. In : Cinq paradigmes clini ques du vieillissement. Paris : Dunod, 2005;79-106. 3 Brouillet D. Mémoire et identité. In : A. M. Costalat-Founeau (Ed.), Identité sociale et langage : la construction du sens. Paris : L’Harmattan, 2001. 4 ** Quinodoz D. Vieillir : une découverte. Paris : PUF, 2008. 5 ** Messy J. La personne âgée n’existe pas : une approche psychanalytique de la vieillesse. La petite bibliothèque. Paris : Payot, 1994. 6 Klein M. Contribution à l’étude de la psychogenèse des états maniaco-dépressifs. Essais de psychanalyse. Paris : Payot, 1934;311-41. 7 Freud S. Sur le mécanisme psychique de l’oubli (I. Œuvres complètes, Trans.). Paris : PUF, 1898. 8 ** Chevance A. Désir d’oubli chez le patient Al zhei mer, un concept clé pour une prise en charge psychothérapique. In : Cinq paradigmes cliniques du vieillissement. Paris : Dunod, 2005;107-46. 9 * Chevance A. Alzheimer, le mal de Léthé. Une hypothèse psychogène de la maladie d’Alzheimer est-elle crédible ? Cliniques Méditerranéennes, 2003;1:75-86. 10 Bhalla RK, Butters MA, Mulsant BH, et al. Persistence of neuropsychologic deficits in the remitted state of late-life depression. Am J Geriatr Psychiatry 2006;14: 419-27. * à lire ** à lire absolument




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Le statut marital à la cinquantaine : un autre facteur impliqué dans le vieillissement cérébral/cognitif problématique (la «démence») - Le blog de mythe-alzheimer.over-blog.com

De nombreuses études ont montré que le fait de vivre en couple, ainsi que la qualité de la relation de couple, étaient positivement associés à la santé et à la longévité.

Seules quelques études ont spécifiquement exploré le lien entre le statut marital et le risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique (de « démence »). La plupart d’entre elles ont observé que les personnes qui vivaient sans partenaire présentaient un risque accru de « démence » (voir Hakansson et al., 2009, pour les références de ces études). Cependant, la période de suivi dans ces recherches était relativement courte, allant de 3 à 10 ans. Même si un changement dans le statut marital des personnes âgées consécutif à des difficultés cognitives n’est vraisemblablement pas très fréquent, on ne peut pas exclure l’existence d’une causalité inverse, à savoir une augmentation du nombre du nombre de personnes vivant seules du fait de l’apparition de difficultés cognitives (Helmer, 2009).

Dans cette perspective, Hakansson et al. (2009) ont entrepris une étude prospective visant à évaluer dans quelle mesure le statut marital durant la cinquantaine avait un impact sur le fonctionnement cognitif évalué en moyenne 21 ans après. Plus spécifiquement, dans le cadre d’une vaste étude consacrée aux risques vasculaires de démence, ils ont suivi 1’449 personnes issues d’échantillons tirés aléatoirement dans les registres de population de deux régions en Finlande. Le statut marital des participants a été évalué quand ils avaient un âge moyen de 50,4 ans et leur statut cognitif (trouble cognitif léger, « maladie d’Alzheimer », autre « démence ») a été déterminé, selon une procédure très approfondie, quand ils avaient entre 65 et 79 ans. A partir de leur situation maritale (marié/vivant en couple, isolé, séparé/divorcé, veuf) lors de l’évaluation initiale et de l’examen cognitif ultérieur, différentes catégories ont été déterminées comme, par exemple, marié lors des deux évaluations, marié à la cinquantaine et veuf lors de l’évaluation ultérieure, etc.
Les résultats principaux montrent que les personnes qui vivent avec un partenaire (mariage ou concubinage) à la cinquantaine ont deux fois moins de risque de développer un trouble cognitif (trouble cognitif léger ou « démence ») que les personnes qui vivent seules (isolées, séparées/divorcées et veuves). Par ailleurs, les personnes divorcées et veuves à la cinquantaine et qui le sont encore lors de l’examen de suivi ont trois fois plus de risque de développer un trouble cognitif (trouble cognitif léger ou « démence ») que les personnes mariées ou vivant en couple. En outre, les personnes qui sont veuves à la cinquantaine et qui le restent ultérieurement ont un risque particulièrement important de développer une « maladie d’Alzheimer », avec un odds ratio (OR) de 7.67 (1.6 à 40), en comparaison aux personnes mariées ou vivant en couple. Enfin, le risque le plus élevé de développer une « maladie d’Alzheimer » s’observe chez les porteurs de l’ApoE4 qui ont perdu leur partenaire avant la cinquantaine (qui sont veufs ou divorcés lors de l’évaluation initiale) et qui le sont restés lors de l’évaluation de suivi. Notons enfin que l’accroissement du risque de trouble cognitif chez les personnes sans partenaire à la cinquantaine est présent tant chez les hommes que chez les femmes, avec un risque légèrement plus élevé chez les hommes (mais des conclusions solides ne peuvent être tirées concernant cette question, du fait d’échantillons trop restreints).
L’ensemble des associations observées se maintiennent après avoir contrôlé l’influence possible de différents facteurs : l’âge (au moment de l’évaluation cognitive), le niveau scolaire, le genre, ainsi que différents facteurs en lien avec la santé et le style de vie, mesurés lors de l’évaluation à la cinquantaine (tension artérielle systolique, taux de cholestérol, indice de masse corporelle, tabagisme, activité professionnelle, région de résidence, activité physique et symptômes de dépression).
Plusieurs facteurs sont très vraisemblablement impliqués dans l’influence du statut marital sur le risque de vieillissement cérébral/cognitif problématique. Il se pourrait ainsi que la réduction de risque de trouble cognitif en lien avec le fait de vivre avec un partenaire soit le reflet de la stimulation sociale et cognitive spécifiquement associée à la relation de couple. Mais d’autres facteurs non contrôlés dans cette étude pourraient aussi jouer un rôle, comme par exemple le niveau plus général d’engagement social et d’activités sociales (voir Helmer, 2009).
Ainsi, des études futures devraient évaluer de façon plus détaillée les caractéristiques de la vie des personnes et du couple et notamment le niveau de satisfaction par rapport à la relation ou l’engagement social tant au plan quantitatif que qualitatif. Par ailleurs, Hakansson et al. indiquent également que le risque particulièrement accru de problème cognitif observé chez les personnes veuves et divorcées à la cinquantaine et qui le sont restées jusqu’à l’évaluation cognitive de suivi pourrait être la conséquence d’un stress durable induit par le décès ou la séparation ainsi que des conséquence biologiques (notamment immunologiques) de ce stress. Il s’agit là aussi d’une hypothèse qui devrait être vérifiée empiriquement.
Quoi qu’il en soit, ces données suggèrent l’importance qu’il y aurait à encourager les personnes sans partenaire (en particulier les personnes veuves) à accroître leur engagement social via différents types d’activités.
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Hakansson, K., Rovio, S., Helkala, E.-L., Vilska, A.-R., Winblad, B., Soininen, H., et al. (2009). Association between mid-life marital status and cognitive function in later life: population based cohort. British Medical Journal, 2009;339:b2462 (doi:10.1136/bmj.b2462)
Helmer, C. (2009). Dementia and marital status at midlife and late life. Risk is increased in people who are unmarried, especially if they are widowed (Editorials). British Medical Journal, 2009;339:b1690 (doi:10.1136/bmj.b1690)