8 février 2011

Canoe – Infos – Québec-Canada: Mourir dans la dignité : protéger nos aînés

MONTRÉAL - Dans la foulée des audiences publiques lors de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, l’Association québécoise de gérontologie (AQG) s’inquiète de la pression sociale que pourrait susciter la décriminalisation du suicide assisté pour les personnes en fin de vie.Vendredi, à l’hôtel Omni de Montréal, la présidente de l’AQG, Catherine Geoffroy, s’est prononcée pour la promotion de la santé pour les aînés ainsi qu’un meilleur encadrement pour les personnes vieillissantes et leur entourage. Elle a également exhorté le gouvernement à investir davantage dans les soins palliatifs.
«Il y a un tabou autour de la mort. On meurt du cancer oui, mais on meurt également dans la grande vieillesse, au bout de sa vie, a observé Mme Geoffroy. On doit se demander quel message nous voulons envoyer aux personnes rendues malades par la vieillesse ou la maladie.»
«Vous savez, la grande solitude et le sentiment de ne plus rien apporter à la société, de "déranger" et "d’encombrer les urgences", joue pour beaucoup dans le désir de vouloir décider des circonstances de notre fin de vie», a ajouté Mme Geoffroy.
Inquiétudes que partage par ailleurs le réseau citoyen Vivre dans la Dignité, qui se dit tout autant préoccupé par les risques de dérapage que pourrait occasionner une normalisation du suicide, notamment en ce qui à trait aux personnes atteintes de handicaps sévères ou de maladies dégénératives.
«Comment peut-on choisir les circonstances des derniers moments de la vie d’une personne inapte à faire ce choix ? Imaginez l’impact social qu’une normalisation du suicide assisté pourrait avoir sur une personne en fin de vie ou handicapée ? On n’a qu’à regarder le taux de suicide parmi les personnes âgées, c’est devenu un grave problème de société», a déploré Linda Couture, porte-parole de Vivre dans la Dignité.
Manque d’accès aux soins palliatifs
«Au Québec, une personne de 85 ans et plus sur cinq est atteinte d’Alzheimer et 70 % d’entre elles résident dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et y décèdent. Travailler dans un environnement de soins palliatifs sans avoir la reconnaissance ni les ressources nécessaires place les intervenants dans un dilemme éthique quant à la question de la fin de vie et de la mort», a expliqué Catherine Geoffroy.
Or, d’après une étude universitaire publiée en 2009, seulement 10 % des Québécois ont accès aux soins palliatifs en fin de vie, faute de ressources suffisantes. Un problème qui, dans un contexte de population vieillissante, pourrait bien embourber davantage notre système de santé si aucune ressource supplémentaire n’y est injectée, a estimé Mme Geoffroy.
Au sein de l’AQG, on croit par ailleurs qu’une réflexion éclairée sur le débat passe par une meilleure sensibilisation tant auprès du grand public que chez les intervenants dans le milieu.
«Il y a beaucoup de confusion entre refus de traitement, soulagement de la douleur, sédation palliative, euthanasie et suicide assisté. Déjà, il faut être capable d’y voir là toutes les distinctions nécessaires, que ce soit en des termes législatifs, éthiques, en matière de soulagement de la douleur, de la souffrance et de l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées», a ajouté Mme Geoffroy.
Près de 300 mémoires ont été déposés dans le cadre de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. Les citoyens peuvent d’ailleurs continuer de s’exprimer en remplissant le questionnaire en ligne sur le site www.assnat.qc.ca.

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