10 février 2011

FRANCE 24 - Personnes âgées escroquées: les familles pointées du doigt

AFP - Qu'ils se contentent de piocher dans leur porte-monnaie ou leur fassent modifier leur testament, les escrocs en tous genres n'hésitent pas à s'attaquer aux personnages âgées, à commencer par leur famille, selon un rapport remis mercredi au Médiateur de la République.
"C'est un phénomène qui va complètement bousculer non seulement la France mais l'ensemble du continent européen : on va avoir plus de 25% de personnes de 65 ans dans très peu de temps et ce sont souvent des personnes fragiles", très vulnérables aux escroqueries, a prévenu le Médiateur, Jean-Paul Delevoye, lors d'une conférence de presse.
La mission qui avait pour but d'étudier "la maltraitance financière à l'égard des personnes âgées dans les établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux", a conclu que ce phénomène n'avait pas seulement lieu dans les maisons de retraite et, le plus souvent, avait une origine familiale.
"Je n'ai jamais vu en tant que Médiateur de la République (...) autant de violence au sein des familles, dans un espèce de combat d'intérêts avec des déchirements incroyables, et là il n'y a pas de limites à la malhonnêteté", a avoué M. Delevoye.
Le rapport dresse un catalogue de tous ces abus financiers aux dépens des personnes âgées. Il évoque ainsi "les vols et escroqueries" qui consistent par exemple à pousser la personne vulnérable à des placements abusifs, à la forcer à accorder ou à souscrire des prêts, à lui faire changer les bénéficiaires de son assurance-vie, voire à modifier son testament.
Le rapport pointe aussi du doigt "les abus de faiblesse" comme les dons extorqués, les mariages arrangés, le logement occupé sans droit ni titre, ainsi que les "pratiques abusives de l'entourage" telles que les abus de procuration, les détournements d'aides sociales ou de pensions de retraite.
En dehors de la famille, les aigrefins du commerce s'en donnent à coeur joie. Le rapport, qui évoque une "délinquance astucieuse", signale ainsi les prix de produits ou tarifs de services exorbitants pouvant être facturés aux personnes âgées, ou encore les prestations inutiles.
Dès qu'elles repèrent des personnes vulnérables, les sectes viennent prendre leur part. Consultée par les auteurs du rapport, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) note que les sectes peuvent sévir au domicile des personnes âgées ou dans les maisons de retraite médicalisées en tant qu'"auxiliaires bénévoles d'accompagnement en fin de vie".
S'ils restent des "lieux de protection", les établissements pour personnes âgées ne sont pas toujours irréprochables et "le vol d'argent et d'effets personnels" s'y est "largement banalisé", souligne encore le rapport.
"Quand on entre en établissement, on ne devrait pas se contenter d'analyser la santé de la personne mais aussi son environnement psychologique, sa fragilité potentielle, de façon à pouvoir anticiper les mesures à prendre", a estimé M. Delevoye.
Il a souligné qu'"un tiers des demandes de mesures sont prononcées quand la personne est décédée", en référence aux juges des tutelles, trop peu nombreux pour pouvoir examiner tous les dossiers dans des délais courts, et a préconisé la mise en place de "véritables tribunaux des tutelles".
Alors que le code pénal accorde une immunité en cas de vol commis au sein de la famille (ascendants, descendants, conjoints), il a demandé la levée de cette immunité.
Le rapport prône enfin une meilleure formation des professionnels, constatant que la méconnaissance de la loi du 5 mars 2007 sur la protection des majeurs restait un des principaux obstacles à la lutte contre la maltraitance financière.

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