8 février 2011

Journal de Montréal – Actualités - Prise de conscience en 2010

MONTRÉAL — Il y a un an, la notion de maltraitance envers les aînés était méconnue du grand public.
Grâce aux campagnes publicitaires mettant en vedette Yvon Deschamps, le « dernier des tabous » est tombé en 2010, estime la Fédération de l'âge d'or du Québec (FADOQ). À preuve, la ligne téléphonique Aide-Abus-Aînés a déjà reçu près de 1500 appels en moins de trois mois.
À la FADOQ, on soutient que les chiffres officiels, qui dénombrent 150 000 aînés victimes d’abus au Québec, ne représentent que la « pointe de l’iceberg ».
« Ce ne sont que les cas connus. Beaucoup de personnes âgées n’osent pas parler de la violence qu’elles vivent.
Heureusement, c’est en train de changer. La maltraitance envers les aînés est de moins en moins tabou », se réjouit la directrice adjointe de la FADOQ, Line Rémillard.
La popularité de la ligne téléphonique Aide-Abus-Aînés témoigne de ce changement de mentalité, estime cette dernière.
À peine dix semaines après sa mise en fonction, le 1er octobre, on comptait déjà 1422 appels à cette ligne qui offre appui et conseils aux personnes âgées victimes de maltraitance.
« Le plus grand défi, c’est de faire comprendre aux personnes qui téléphonent que la situation qu’ils vivent est inacceptable. Elles sont souvent victimes de leurs proches et ne veulent pas créer de chicanes », dit Mme Rémillard.
Violence physique, sexuelle, psychologique, les formes de maltraitance sont nombreuses. Une des plus fréquentes demeure toutefois les abus liés à l’argent : c’est ce que vivent près de 40 % des aînés victimes de maltraitance. « Oui, il y a des personnes qui sont victimes d’une fraude à la Norbourg ou à la Earl Jones. Mais elles ne représentent qu’une minorité des cas. Il y a plusieurs autres formes d’abus financiers », souligne Mme Rémillard.
Abus institutionnels
Après le dévoilement du plan sur la maltraitance, le lancement de la ligne téléphonique Aide-Abus-Aînés et la mise sur pied d’une chaire de recherche sur la maltraitance à l’Université Sherbrooke, Québec compte maintenant s’attaquer à la maltraitance institutionnelle chez les aînés en 2011.
« Quand on ne laisse pas aux personnes âgées le temps nécessaire pour manger ou qu’on les lève en fin d’avant-midi, il y a là négligence, à mon avis, et cette négligence relève de la maltraitance. Il va falloir changer nos façons de faire », tranche la ministre des Aînés, Marguerite Blais.
En entrevue, cette dernière a laissé entendre que la maltraitance présente dans les résidences, CHSLD ou hôpitaux, sans être généralisée, est « inquiétante ».
« Il est difficile d’obtenir des statistiques précises, car on commence à peine à lever le voile sur la maltraitance au Québec. Il faut savoir qu’il y a une génération d’aînés qui n’en parleront jamais, surtout lorsqu’il est question d’abus financiers. Il n’est jamais facile, par exemple, de dénoncer son enfant », lance-t-elle.
On peut rejoindre la ligne téléphonique provinciale Aide-Abus Aînés7 jours par semaine, de 8 h à 20 h, au 1-888-489-2287. Les intervenants offrent un service gratuit, confidentiel et bilingue.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire