9 novembre 2010

Évaluation du Système intégré pour personnes âgées fragiles (SIPA ...

Principales implications pour les décideurs

• Le complexe formé par les maladies chroniques, les épisodes de maladies aiguës, les déficiences
physiologiques, les incapacités fonctionnelles et les problèmes cognitifs est fréquent chez les
personnes de 75 ans et plus;
• Les services sociaux et de santé offerts aux personnes âgées fragiles sont fragmentés, les
incitations financières et organisationnelles ne favorisent pas l’utilisation des moyens les plus
adaptés, et souvent les moins coûteux, tandis que le recours aux services institutionnels est
encore trop fréquent;
• Un projet de démonstration d’un modèle de services intégrés pour personnes âgées fragiles
adapté à un régime d’assurance maladie public et universel a été mis sur pied pour démontrer sa
capacité de rediriger les configurations d’utilisation des services institutionnels vers les services
de proximité;
• Le SIPA est responsable des services peu importe où se trouve la personne sous sa
responsabilité : à domicile, dans une résidence protégée, à l’hôpital ou au centre d’hébergement,
qu’elle utilise les services d’un centre de jour ou d’un hôpital de jour. Cette responsabilité est
assurée par un gestionnaire de cas et une équipe multidisciplinaire;
• Le projet de démonstration du SIPA a utilisé un devis expérimental avec répartition aléatoire des
1 230 participants dans un groupe expérimental recevant les services du SIPA et un groupe
témoin recevant les services habituels disponibles au Québec. Les personnes admises étaient
âgées de 65 ans ou plus, avaient des incapacités fonctionnelles, habitaient en ménage privé dans
trois quartiers de Montréal. Le projet s’est étendu sur 22 mois, soit du premier juin 1999 au 31
mars 2001;
• Les coûts moyens des services de proximité du SIPA (12 695 $) sont de 3 420 $ supérieurs aux
coûts moyens du groupe témoin (9 275 $). Cette somme est compensée par des coûts moyens
supérieurs de 4 312 $ en services institutionnels dans le groupe témoin (22 896 $) par rapport
aux coûts moyens des participants au SIPA (18 583 $). Les coûts totaux de 32 000 $ sont
comparables dans les deux groupes;
• La capacité du SIPA de réduire de 20 % les coûts des services institutionnels est le résultat d’une
diminution significative des coûts des attentes en hébergement dans les lits hospitaliers de courte
durée et du cumul des réductions des coûts des services d’urgence, de l’hospitalisation et de
l’hébergement permanent;
• Les effets du SIPA sur les coûts des services pour les personnes avec plusieurs maladies
chroniques, plusieurs incapacités dans les activités de la vie quotidienne et pour celles vivant
seules ont été particulièrement marqués. Ces résultats indiquent que les effets du SIPA ne sont
pas les mêmes sur divers groupes de personnes;
• Les résultats démontrent qu’on peut attendre des systèmes intégrés de services pour personnes
âgées fragiles une diminution de l’utilisation et des coûts des services hospitaliers et de
l’hébergement, sans augmentation des coûts globaux des services de santé, sans diminution de la
qualité des soins et sans alourdissement du fardeau des personnes âgées et de leurs proches.

Résultats :
Les coûts moyens des services de proximité du SIPA (12 695 $) ont été de 3 420 $ supérieurs aux coûts
moyens du groupe témoin (9 275 $). Cette somme est compensée par des coûts moyens supérieurs de
4 312 $ en services institutionnels dans le groupe témoin (22 896 $), comparativement aux coûts moyens
des participants au SIPA (18 583 $). Les coûts totaux des services sont comparables dans les deux
groupes, soit autour de 32 000 $ sur 22 mois.

Comment s’explique la réussite du SIPA à substituer des services institutionnels par des services de
proximité? Les coûts des attentes d’hébergement en hôpitaux de courte durée sont deux fois plus élevés
dans le groupe témoin que dans le groupe du SIPA. Les différences de coûts des autres services
institutionnels ne sont pas statistiquement significatives. Cependant, les coûts moyens des participants
au SIPA pour les urgences et les hospitalisations de courte durée sont moindres d’environ 10 % à ceux
du groupe témoin.

Des différences importantes dans les coûts de différents services sont observées selon l’état de santé et
les conditions de vie. Premièrement, la disponibilité des services de santé à domicile est supérieure dans
le groupe du SIPA comparé à celle du groupe témoin, et ce pour les personnes avec un plus grand
nombre de maladies chroniques. Par ailleurs, les coûts de l’hébergement sont inférieurs de 9 600 $ dans
le groupe du SIPA pour les personnes ayant moins de maladies chroniques. Le SIPA a diminué les coûts
de l’hébergement permanent de 14 500 $ chez les personnes qui vivent seules. Enfin, les coûts des
hospitalisations de courte durée ont été réduits entre 4 000 $ et 5 800 $ chez les personnes du groupe du
SIPA, comparativement à ceux du groupe témoin, pour celles qui ont des incapacités dans les activités
de la vie quotidienne (AVQ).

Le premier objectif du SIPA a été atteint. Un transfert moyen de 4 000 $ par personne des services
institutionnels aux services de proximité en faveur du SIPA a été observé. Les résultats indiquent des
pistes intéressantes pour comprendre le fonctionnement du SIPA. La réduction des attentes en hôpitaux
de courte durée pour l’hébergement et la réduction des coûts de l’hospitalisation des personnes avec
incapacités dans les AVQ indiquent que le SIPA a exercé ses effets principaux sur l’hôpital comme
« sauf-conduit » vers l’hébergement. La planification du congé hospitalier était l’une des responsabilités
importantes des gestionnaires de cas, et ces derniers pouvaient mobiliser les ressources de proximité
nécessaires à la personne hospitalisée après son séjour.

En conclusion, l’expérimentation du SIPA démontre qu’il est possible de s’engager dans des projets de
démonstration ambitieux et rigoureux au Canada. Les résultats démontrent qu’il est possible d’attendre
des systèmes intégrés de services pour personnes âgées fragiles une diminution de l’utilisation et des
coûts des services hospitaliers et de l’hébergement, sans augmentation des coûts globaux des services
sociaux et de santé, sans diminution de la qualité des soins et sans alourdissement du fardeau des
personnes âgées et de leurs proches.

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