9 novembre 2010

Maltraitance en hopital et maison de retraite

La France est probablement l'un des pays le plus avancés en matière de prise en charge des personnes agées et déficients mentaux. Ce travail difficile, couplé à une presque totale absence de contrôle de l'extérieur, engendre parfois des phénomènes de maltraitance chez certains personnes hospitaliers, parmi lesquels des médecins.

Article écrit par Raphaël Richard
A la veille du traitement du dossier "dépendance" par le gouvernement Sarkozy, le problème de la prise en charge des personnes agées revient sur le devant de la scène. 5 années de recul sur la prise en charge de ma mère soixantenaire, m'a fait prendre conscience.
Ma mère souffre de problème psychologique depuis sa jeunesse. A 60 ans passés, les services sociaux ont recommandé sa prise en charge par une maison de retraite dans le nord de la ville de Chartres (Les jardins de l'automne, Nogent-le-Phaye, Eure-et-Loir).
Voici un inventaire des phénomènes de maltraitances dont peut être victime une personne âgée, qui intègre une maison de retraite.

1°) Perte des droits de personne majeure

Officiellement, les personnes âgées conservent l'intégralité de leurs droits.

Mais le fonctionnement d'une maison de retraite fait que, dans les rapports au quotidien, la plupart des personnes âgées perdent la plupart de leurs droits fondamentaux: liberté de mouvement, droit de vote, liberté d'expression, liberté de culte.

Ce tableau peut paraître noir mais il correspond à une réalité effective.

Liberté de mouvement

A partir du moment où une personne intégre une maison de retraite, c'est la maison de retraite qui décident des heures et des zones où les résidents (le nom des personnes séjournant en maison de retraite) ont le droit de se déplacer. Si la direction décide que les personnes n'ont pas le droit (toujours justifiés par des raisons de sécurité) de sortir dans le parc ou à l'entour de la maison de retraite, ces dernières se voient limiter dans leur liberté de déplacement. Dans les faits, les personnes en maison de retraite ne sortent presque plus jamais. Leur espace vital pratique est comparable à celui dont dispose les détenus d'une prison ou les pensionnaires d'un internat

Droit de vote

J'ai été extrêmement surpris qu'aucun dispositif ne soit prévu qui permettent aux résidents d'aller voter. La plupart des résidents de la maison de retraite dont je parlent ignorent même s'ils sont encore inscrits sur les listes électorales. Au moment des élections, aucun résident ne vote.

Liberté d'expression

Lors d'une réunion houleuse que j'ai eue en janvier 2010 avec les soignants et médecins de la maison de retraite, ces derniers ont qualifié de dysfonctionnement comportemental, le fait que ma mère parle beaucoup. Parler beaucoup signifiait, dans le cas d'espèce que ma mère interpellait beaucoup les aides soignantes mais également les familles en visite dans l'établissement. Pour rentrer dans la norme, il fallait que ma mère ne parla qu'en des occasions bien précises: lorsque le personnel de la maison de retraite était disponible, durant les repas où lorsque sa famille était là. Les échanges avec les autres personnes résidant dans la maison de retraite sont limités dans la mesure où ces dernières étaient presque tout grabataires et ne parlait presque plus, probablement formatés par la maison de retraite.

Liberté de culte

Un prêtre passe rarement et officie, mais il n'existe pas de lieu dédié au culte où les personnes résidants puissent se rendre lorsqu'ils souhaitent se recueillir. Plus grave encore, les objets de culte ne sont pas respectés par les personnels de la maison de retraite: les différents croix et saint vierges que j'ai pu offrir à ma mère ont été systématiquement cassés dans la mesure où le ménage s'accompagne systématiquement de casse et que les objets de culte sont considérés comme des objets ordinaires. Une fois cassés, ces objets ne sont pas réparés et la maison de retraite ne propose pas de les remplacer.
Un des symptômes de cette perte de statut de majeur est le nom que l'on donne aux personnes: ils deviennent irrémédiablement des résidents. On pourrait parler d'hommes, de femmes ou de personnes, mais on parle de résidents. Ce vocable est révélateur de la façon dont ils sont perçus par les personnels des maisons de retraite.
Au final, dans le fonctionnement quotidien de cette maison de retraite, bien que les personnels soient respectueux, les personnes résidentes deviennent des personnes privées de la plupart de leurs droits fondamentaux. Il s'agit d'une première forme de maltraitance, bien loin des formes de maltraitance extrêmes, mais forme de maltraitance dont aucun adulte ne souhaiterait être victime.

2°) Maltraitance médicale

Les jardins de l'automne sont techniquement un EPAD, c'est à dire une maison de retraite apte à accueillir les personnes souffrant d'handicap et nécessitant des soins spéciaux.
Dans la pratique, la prise en charge médicale est approximative.

Négligences médicales

Lorsque ma mère s'est fracturée le col du fémur le samedi 27 juillet 2007 à 21heures, aucune infirmière n'a estimé nécessaire de la faire hospitalisé, ni même de faire venir un médecin de l'extérieur. Pire, le lendemain, une aide soignante l'a forcée à venir déjeuner en marchant. Ma mère a failli s'évanouir de douleur. Aucun traitement anti douleur ne lui a été donné. Il a fallu attendre le lundi après midi afin qu'elle soit emmenée à l'hôpital et qu'elle soit examinée. 48 heures de souffrances inutiles.
Lors de son retour de l'hôpital de Chartres (où sa prise en charge a été exemplaires) à la maison de retraite un mois plus tard, le médecin de la maison de retraite n'a pas jugé bon d'échanger avec le chirurgien qui l'avait opéré pour arrêter un programme de rééducation. Pire, ne surveillant par le changement du pansement au quotidien, il a laissé la cicatrice s'infecté au point que ma mère a du être réhospitalisée et ré opérée en urgence. Le médecin de la maison de retraite n'a jamais manifesté aucun regret par rapport à la façon dont il avait suivi ma mère. Pour lui, l'absence d'échange avec le chirurgien de l'hopital était normal. Dans la mesure où il n'existe aucun système de contrôle extérieur de son travail, il se savait parfaitement à l'abri.
Il a fallu que j'envoie une série de lettres recommandées afin d'obtenir une remise en cause de sa prise en charge et que j'obtienne la mise sur pied d'un programme de rééducation: sans cette intervention de ma part, elle ne serait jamais parvenue à remarcher.

Abus de pouvoir

La fin de son séjour à la maison de retraite "Les Jardins de l'automne" a été marqué par un dernier abus de pouvoir: le médecin a demandé l'internement en hopital pyschiatrique à la demande de tiers de ma mère, dont le comportement était jugé ingérable par la maison de retraite: vomissements répétés, pipi au lit, besoin de communiquer anormalement élevé par rapport à ce qui était acceptable dans la maison de retraite. Ces différents symptômes ont été qualifiés comme relevant de la psychiatrie par ce médecin et la psychologue nouvellement arrivée dans la maison de retraite.
Hospitalisée à l'hopital psychiatrique du Coudray, ma mère vécu quelques semaines dans l'espoir qu'elle pourrait retourner à la maison de retraite. C'est en tout cas, ce que lui ont promis les personnels de l'hopital afin de calmer ses angoisses. On lui a donc menti de façon éhontée. Pourtant, interrogées de façon non officielle, les infirmières m'ont indiqué qu'elles ne comprenaient pas pourquoi ma mère avait été hospitalisée et que son cas ne justifiait pas une hospitalisation.

Le lendemain de son 65ieme anniversaire, le 25 mai 2010, la décision a été prise de la transférer dans. Evidement, rien n'a été fait pour préparer ma mère à ce transfert. On lui a simplement indiqué quelques jours plus tard, qu'elle était trop vieille pour rester dans cet hopital.

Incompétence

Elle a donc été transférée à l'hôpital de Bonneval où elle a eu le droit à la procédure 'nouvel arrivant': bourrage de calmants alors qu'elle n'était pas agitée. Trois semaines plus tard, elle subisssait toujours le même traitement et j'ai retrouvé une vieille femme honteuse de baver devant son fils venu la chercher pour aller au restaurant. J'ai tenté de rencontrer le médecin ce samedi après midi pour lui indiquer que j'était inquiet du traitement fait à ma mère et que je redoutais que son état se dégrade. Ce dernier a refusé de ma rencontré. 5 jours plus tard, elle quittait l'hopital psychiatrique de Bonneval suite à une crise d'épilepsie et dans un état semi comateux. L'hopital de Chateaudun ne la garda pas plus de 12 heures car elle sombra dans un coma total, qui nécessita son transfert à l'hopital de Chartres. Exemplaire, le service réanimation de l'hopital de Chartres parvint à "récupérer ma mère" après 10 jours de comas entre la vie et la mort, avec pronostic vital engagé.

Trois semaines plus tard, le service de neuroglogie de l'hopital de Chartres découvrit la cause de la crise d'épilepsie de ma mère: buvant nerveusement de grandes quantité d'eau, ma mère souffrait de natrémie (trop grande dilution des sels dans le sang) qui avait provoqué la crise d'épilepsie. C'est également cette trop grande consommation d'eau qui provoquait les vomissements à la maison de retraite. Le médecin de la maison de retraite avait été incapable en deux ans, de réaliser ce diagnostic, ce qui l'avait amené à conclure que ces vomissements étaient délibérés et d'origine psychiatrique.

Maltraitance et curatelle

Les curateurs ont des personnes nommées par un juge des tutelles afin de protéger les finances des personnes jugées incapables de les gérer elles-mêmes.
En théorie, la loi ne mandatent ces personnes que pour gérer ses finances.
La curatrice de ma mère lui a indiqué lors de son séjour à l'hopital de Chartres, qu'elle "ferait ce qu'on lui dirait et qu'elle irait où elle aurait de la place" (ie: dans les maisons de retraite où il y aurait de la place).

La sous alimentation

Durant les 12 premiers mois de sa présence à la maison de retraite, ma mère s'est plainte d'avoir faim. J'ai attendu afin d'en faire part aux soignantes présentes lors de mes passages le week end. Ces dernières me répondaient que ma mère ne se plaignaient jamais durant les repas. Lorsqu'elle développa une infection suite aux négligences consécutives à sa fracture du col du fémur, j'ai constaté qu'elle maigrissait semaine après semaine. J'ai alors insisté dans un courrier envoyé à la maison de retraite sur ce problème d'alimentation. Le directeur me répondit que les repas étaient étudiés par une nutritioniste et qu'ils étaient parfaitement adaptés aux besoins des "résidents". En insistant, j'ai découvert que les partions étaient les mêmes pour tous les résidents, quelque soient leur âge, leur morphologie ou leur activité physique. Ma mère avait donc effectivement faim depuis plusieurs mois, sans que personne ne reconnaisse cette faim.
On voit donc, que dans un pays avec un système de santé que la plupart des habitants de la planète nous envie, les personnes en situation de faiblesse peuvent être l'objet de maltraitance, non par des torsionnaires, mais par des personnes peu motivées, incompétentes et faisant preuve de peu de trop d'empathie.

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