5 novembre 2010

La Psychogériatrie

La psychogériatrie


Appréhender la vulnérabilité psychique des personnes âgées.


Caractéristiques

  • 128 pages
  • 9.00 €
  • Numéro : 3333
  • ISBN : 978-2-13-057681-5
  • N° d'édition : 3
  • Date de parution : 18/11/2009


L'ouvrage

La psychogériatrie est une approche pluridisciplinaire qui a pour objet de comprendre, de soigner, d’apaiser et d’accompagner les personnes âgées souffrant de difficultés psychologiques ou d’un trouble psychiatrique caractérisé, qu’elles aient ou non un état démentiel associé. Cette pratique se développe à domicile, dans les Établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD) mais aussi, bien que faiblement encore, dans les services de psychiatrie.
Des médecins aux aumôniers des hôpitaux, des assistantes sociales aux diététiciens, des bénévoles d’associations aux psychologues, la psychogériatrie implique tous les professionnels du secteur social, paramédical et médical.


À lire également
Les techniques de lutte contre le vieillissement, Christophe de Jaeger
La maladie d'Alzheimer, Denis Brouillet et Arielle Syssau


Table des matières

IntroductionPsychogériatrie : une définition globale
Une variété de troubles
Une variété d'âge et de vieillissement
Une variété de médecins
Une variété de lieux
L'appui sur des références théoriques
Psychogériatrie : l'augmentation des besoins de cette approche multidisciplinaire

Chapitre premier. — Les troubles névrotiques des personnes âgées
Fréquence
Présentations cliniques
Diagnostic
Les erreurs diagnostiques
Évolution
Traitements

Chapitre II. — Les troubles psychotiques des personnes âgéesLes délires schizophréniques vieillis
Les délires non schizophréniques
Les délires d’apparition tardive
Diagnostic
Les erreurs diagnostiques
Traitements

Chapitre III. — Les dépressions des personnes âgéesFréquence
Les symptômes
Présentations cliniques
Diagnostic
Les erreurs diagnostiques
Évolution
Traitements

Chapitre IV. — Les épisodes confusionnels des personnes âgées
Fréquence
Présentations cliniques
Diagnostic
Les causes des états confusionnels
Les erreurs diagnostiques
Évolution et risques évolutifs
Les traitements

Chapitre V. — Les états démentiels des personnes âgées
Introduction
Classification
Diagnostic d’une démence de type Alzheimer
Erreurs diagnostiques
Évolutions
Traitements médicamenteux et approches non pharmacologiques

Chapitre VI. — Les autres situations
Les personnes âgées se plaignant de leur sommeil
Les personnes âgées se plaignant de douleurs
Les personnes âgées dont une pathologie somatique est révélée par un symptôme psychiatrique
Les personnes âgées malades alcooliques
Les personnes âgées avec un retard mental léger
Les personnes âgées immigrées
Les personnes âgées maltraitées et le rôle de l'ANESM
La vie affective et sexuelle des personnes âgées
Le suicide des personnes âgées
La mort des personnes âgées

Glossaire
Histoires
Bibliographie


A propos des auteurs

Jean-Claude Monfort est neurologue, psychiatre et gériatre.

La Psychogériatrie

La psychogériatrie est une approche pluridisciplinaire qui a pour objet de comprendre, de soigner, d’apaiser et d’accompagner les personnes âgées souffrant de difficultés psychologiques ou d’un trouble psychiatrique caractérisé, qu’elles aient ou non un état démentiel associé.
Jean Claude Monfort « Que sais-je? »

Une Variété de Troubles :

Les troubles psychiatriques : maladies nerveuses, maladies mentales, troubles de la santé mentale ou troubles fonctionnels (pas de substratum anatomique lésionnel connu) installées pendant l’enfance ou la vie d’adulte et qui peuvent évoluer avec l’avance en âge (névroses vieillies, psychoses vieillies).
Les troubles de la personnalité : maladies psychiatriques qui font éclosion lors de l’avance en âge, après 65 ans (troubles d’involutions ou troubles d’apparition tardive).
Les états démentiels : baisse des performances cognitives liées à des lésions cérébrales avec pertes de neurones (irréversible).
Les épisodes confusionnels : perte des repères, désorientation par épisode (réversible). Vulnérabilité.
L’une des particularité des personnes âgées est le cumul des maladies et la fréquence de l’association d’une maladie psychiatrique, d’un trouble de la personnalité, d’un état démentiel et d’un épisode confusionnel.


Une Variété d’Âge et de Vieillissement :

« Jeunes personnes âgées » : 60 à 85 ans et « personnes âgées-âgées » de plus de 85 ans
On avance en âge : une vieillesse réussie peut se dérouler sans maladies spécifiques. Plus on avance en âge, plus l’espérance de vie diminue.
Le vieillissement pathologique : risque de développer une ou plusieurs maladies (cardio-vasculaires, cancers, maladies neurologiques comme les états démentiels, et même aussi les maladies psychiatriques).
Le vieillissement réussi : objectif d’un projet de vie. Les personnes dont l’avance en âge est réussie peuvent souffrir de leur santé physique et psychique. Cet état de santé peut avoir des hauts et des bas, mais il reste suffisamment bon pour assurer un goût à la vie qui est éprouvé par l’intéressé et observé par les tiers. Elles ont conservé des liens affectifs, des liens familiaux, amicaux, sociaux. Elles gardent des activités manuelles, sportives intellectuelles, artistiques, culturelles. Elles n’ont pas particulièrement envie que cette avance en âge soit interrompue, mais elles sont prêtes à accepter la mort quand elle viendra. L’angoisse de la mort reste supportable et n’a pas le pouvoir de désorganiser la vie psychique.


Une Variété de Médecins :

Le Médecin généraliste : à la fois le gériatre et le psychiatre « psychogériatre masqué », il repère et soigne la majorité des souffrances gériatriques, psychologiques et psychiatriques.

Le Neurologue : il est consulté pour des plaintes mnésiques qui cachent parfois une souffrance anxio-dépressive.

Le Gériatre : nombreux gériatres ont une approche psychogériatrique en assimilant la gériatrie en une branche de la psychiatrie.

Le Psychiatre : il est peu consulté par les personnes âgées et a donc finalement peu d’expérience dans ce domaine où sont étroitement mêlés trouble psychiatrique, état démentiel et épisode confusionnel.

Le psychogériatre : dans un contexte pluridisciplinaire, il va chercher à comprendre et à soigner une personne âgée en situation de détresse psychologique.


Les Troubles Névrotiques des Personnes Âgées :

Pourrait être lié à un « conflit non conscient » remontant à la petite enfance (0 à 3 ans : ses traumatismes et ses troubles de l’attachement). Durant la vie à l’âge adulte un mécanisme de défense se serait mis en place pour diminuer l’anxiété. Éclosion d’un mal être au-delà de 85 ans. Utilisation de tranquillisants et d’alcool pour calmer les plaintes corporelles et psychologiques. Symptômes de l’anxiété et de la dépression. Chez les sujets dont la biographie est chargée avec des épisodes dépressifs, on doit se poser la question de troubles névrotiques (tendance à privilégier à priori les troubles de l’humeur).
Rareté des névroses diagnostiquées : Les sujets névrosés, comme les personnes ayant un trouble psychiatrique, présentent une surmortalité. Les personnes en avançant dans l’âge ont plus de réticence à confier leur état de stress. L’attribution d’un état anxieux à une pathologie médicale ou chirurgicale (cancer, accident vasculaire, infarctus…), plutôt qu’à une névrose sous-jacente qui restera méconnue. On parle de « dépression névrotique » 10% des plus de 65 ans contre seulement 2,5% de névroses déclarées. « La dépression est la névrose des personnes âgées ». Donc : 12,5% de la population de + 65 ans.

1/ La Névrose d’Angoisse Vieillie :

Trois éléments vont générer de l’angoisse :
  • Proximité de la mort qui se rapproche avec l’âge
  • Risque de perte d’autonomie
  • Peur de l’isolement
Les états anxieux généralisés comportent trois types de manifestations :
  • Une insomnie est facilement l’objet d’une plainte. Signe d’hypervigilance, sursaut au bruit, impossibilité de tenir en place, difficulté à maintenir sa concentration, sensation de tête vide, tension intérieure, irritabilité. La personne fera une demande de tranquillisant ou d’un somnifère.
  • Hyperactivité du système du système nerveux végétatif. Vertiges, tension musculaire avec douleurs dos, céphalées, fatigabilité musculaire, tremblements, sueurs froides ou bouffées de chaleur, bouche sèche, boule dans la gorge, dyspnée et oppressions thoraciques, sensation d’étouffement, barre ou crampes dans l’estomac, pesanteurs abdominales, diarrhée, constipation, tension vésicale avec envie fréquente d’uriner.
  • Anxiété idéique avec ruminations anxieuses (non verbalisées) exprimée de manière sibylline (« la solitude n’est pas jolie »).
Les attaques de paniques sont souvent méconnues ou considérées comme des épisodes d’agitation. L’utilisation de la sonnette de manière itérative est souvent considéré comme un trouble du comportement plutôt que comme un trouble de panique.

2/ La Névrose Phobique Vieillie :

  • Stabilisation de la névrose avec qqs symptômes résiduels.
  • Aggravation de certaines phobies : par exemple une agoraphobie non diagnostiquée se caractérise par un confinement chez soi.

3/ La Névrose Hystérique Vieillie :

  • Avidité affective épuisante
  • Episodes paroxistiques de conversation. États de stupeur, pseudo-adynamie, puérilisme aigu, pseudo-mélancolie. Peut tomber en qqs heures à un niveau zéro de dépendance.

4/ La Névrose Obsessionnelle Vieillie :

Univers ritualisé. Avec l’avance en âge, la survenue d’une maladie somatique ou une décompensation dépressive conduit à l’hospitalisation.

5/ Les Névroses d’Involution ou Névroses de Révélation Tardive :

Théorie selon laquelle des états névrotiques, constitués dès la petite enfance, latents à l’âge adulte, bien compensés de manière inconsciente, pourraient se révéler tardivement après 65 ans suite à un stress majeur.
  • Trouble dissociatif (conversion hystérique) du à un traumatisme psychique : toutes les fonctions neurologiques (motrices, sensitives…), sensorielles (vision, audition…) et cognitives (mémoire, langage, gestes…) peuvent être désactivées ou hyperactivées. Exemple d’une hyperactivation de la fonction auditive)
  • Importance de l’angoisse transformée et investie dans le corps. Angoisse hypocondriaque.
  • Syndrome du fauteuil : peur de la chute.
  • Stress post-traumatique d’involution : chute, incontinence, maladie somatique grave, décès du conjoint, agression dans la rue, maltraitance… provoquent un refus du patient à continuer à avancer dans l’âge. Stop. Syndrome de diogène (demande plus rien), syndrome de glissement…
  • A l’approche de la mort, certains sujets acceptent, d’autres se révoltent ou essaient d’échapper en présentant un état d’agitation anxieuse.

6/ Traitements des Névroses :

  1. Anxiolytiques : Une benzodiazépine en cure courte peut-être utilisée mais à une dose la plus faible qui soit (pour éviter le risque de sédation), pendant la période la plus courte qui soit (éviter la dépendance). Voie sublinguale (trois gouttes de Diazépam) pour un effet immédiat.
  2. Antidépresseur : Traitement de fond des attaques de panique et du trouble obsessionnel.
  3. Traitement des facteurs qui ont pu favoriser l’aggravation.
  4. Relation d’aide : Redonner à la personne âgée une confiance dans sa capacité à surmonter une période de crise. « Essayez de vous débrouiller tout seul, vous en avez les capacités »!
  5. Psychothérapie.

Les États Démentiels des Personnes Âgées :

La course évolutive d’un état démentiel peut comporter au moins cinq moments clés qu’il importe de ne pas rater
  1. le repérage précoce
  2. la recherche d’une cause curable
  3. l’annonce de la mauvaise nouvelle
  4. le passage en institution
  5. le passage de la vie à la mort
Cette évolution peut être favorable ou émaillée de troubles du comportement pour lesquels il faut chercher une cause curable. C’est la préence, ou l’absence, de troubles du comportement qui va conditionner la qualité de fin de vie d’une personne ayant un état démentiel.
Définition : Les états démentiels sont des diminutions des performances cognitives, d’installation progressive, d’évolution irréversible, pour lesquelles les explorations n’ont retrouvé aucune cause curable. Perte de neurones et lésion du cortex cérébral. 5% des plus de 65 ans, 33% des plus de 85 ans.
  • Une personne ayant un état démentiel n’a pas obligatoirement de troubles du comportement. L’évolution d’une démence « simple » restera une épreuve pour l’entourage, mais cette épreuve peut être supportée.
  • Lorsque l’état démentiel est associé à des troubles du comportement, alors l’évolution risque d’être épuisante pour l’entourage et les soignants. Il est souhaitable de ne pas imputer les troubles du comportement à la démence. Il faut chercher une cause curable qui peut permettre de faire disparaître les troubles du comportement (pathologie psychiatrique, état dépressif, pathologie somatique…)
Les Différents types de Démences :
Dégénératives de type Alzheimer : 50% des cas. C’est l’ensemble des états démentiels dégénératifs qui sont dits « séniles ».
  • La maladie d’Alzheimer. – Elle donne dans sa forme typique un syndrome aphaso (trouble du langage du à une atteinte cérébrale se traduisant par des perturbations de l’expression et/ou de la compréhension du langage )-apraxo (incapacité d’exécuter des actes volontaires adaptés )-agnosique (trouble de l’identification des perceptions). L’examen anatomo-pathologique montre une atrophie corticale prédominant dans les régions pariéto-temporo-occipitales.
  • La maladie de Pick et les démences fronto-temporales. – Indifférence, désinhibition, absence d’inquiétude et euphorie. L’imagerie cérébrale montre une atrophie corticale prédominant dans les régions frontales et temporales.
  • La démence à corps de Lewy. – Evolution plus rapide et plus compliquée avec de nombreux épisodes confuso-hallucinatoires, des chutes, une hypertonie extrapyramidale et une vulnérabilité extrême aux neuroleptiques (contre-indiqués).
  • Autres démences à début focal. - Une seule région du cortex est touchée et atteint une seule fonction cognitive (6 mois à dix ans entre le début et la progression).
Les Démences Vasculaires : 20% des cas. Dues à des troubles de la vascularisation cérébrale (70 causes).
Les Démences Mixtes : 20% des cas. Association d’une démence type Alzheimer et d’une démence vasculaire.
Les Autres Démences Rares : 10% des cas. Maladie de Parkinson (la plus courante).
Les Évolutions :
On pourrait opposer deux types de malades : d’une part, ceux qui n’ont qu’une perte de leurs performances cognitives ; d’autres part, ceux qui ont des troubles du comportement.
Évolution favorable. - elle est possible à domicile et dans les petites institutions spécialisées avec évitement des médicaments sédatifs, forte stimulation par kiné, animateurs, éducateurs spécialisés et le soutien des familles. La fin de vie peut être heureuse, car insouciante.
Troubles du comportement et évolutions défavorables. – C’est la présence de ces troubles qui va rendre les malades difficiles et va épuiser les familles et les soignants.
  • Types de troubles : Confusion (accentué le soir), insomnie ou inversion de rythme nycthéméral avec déambulations nocturnes, trouble du comportement alimentaire, incontinence urinaire (favorisée par les benzodiazépines), hyperactivité sexuelle et alimentaire, incapacité à rester immobile, errance et fugues, anxiété, peurs, rituels, isolement, désinhibition comportementale et sexuelle, euphorie, idées délirantes de méfiance et hallucinations, exigences capricieuses, agitations, cris, hurlements, rage et violence.
  • Trois conséquences : Prescription de sédatifs à forte dose (état de confusion stuporeuse puis grabatisation), isolement et repli sur soi (état végétatif et grabatisation), harcèlements et avidité affective incessantes (épuisement des familles et des soignants).
  • Les causes : la philosophie souhaitée consiste à faire une enquête à la recherche des causes curables. Au niveau médico-chirurgical, iatrogène (médicaments), environnemental, psychiatrique.

Les Dépressions chez les Personnes Âgées :

Ce sont les troubles les plus réversibles. Effort pour améliorer le dépistage. 15% des personnes âgées à domicile et jusqu’à 65% en institution prennent des antidépresseurs.

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