20 mars 2011

L'âgisme: un combat à finir - Actualité régionale - Actualités - L'Action

Conférence du Dr André Davignon

«Quand on a 70 ans, les gens s'éloignent. Quand on a 75 ans, ils s'éloignent encore plus. Le pire, c'est quand on a 80 ans. Là, c'est l'horreur. Nous sommes 300 000 de 80 ans et plus au Québec et la société ne sait pas quoi faire avec nous, alors on attend.»
Sujets :
Université de Montréal , Joliette , Québec
Le Dr André Davignon est l'un des fondateurs de l'Observatoire vieillissement et société, une corporation à but non lucratif qui se consacre à la lutte contre l'âgisme. Lundi dernier, il a prononcé une conférence dans le cadre du premier colloque régional sur la maltraitance envers les aînés. Une présentation qui a bien suscité quelques rires, mais qui, surtout, a jeté les bases d'une profonde réflexion.
L'âgisme, comme l'indique la chercheuse Martine Lagacé, vise «à mettre sur une voie d'accotement une personne, simplement sur la base de l'âge… c'est l'exclusion».
C'est de penser que les personnes du troisième âge sont un fardeau et une menace pour la croissance économique, c'est de considérer ces travailleurs comme un frein à la productivité en entreprise, c'est de croire qu'ils sont égocentriques, fragiles, laids, résistants aux changements et aux nouvelles technologies.
Le Dr Davignon a vécu l'âgisme.
«Ça commence lentement. C'est insidieux. Quand j'ai eu 61 ans, le doyen m'a téléphoné et m'a dit qu'il avait un problème avec mon salaire, car ça correspondait au salaire de deux professeurs qui, eux, représentaient l'avenir de la faculté [de médecine de l'Université de Montréal]. Quelques années plus tard, à l'hôpital, mon patron a fait un plan de restructuration et je n'étais pas dedans», dit-il.
Le cardiologue pédiatre ne s'est pas laissé abattre, a poursuivi l'institution et a gagné. Cette discrimination basée sur l'âge a pris différentes formes au fil des ans, étant tantôt associée au monde du travail, tantôt à la vie familiale, tantôt au domaine de la santé.
«C'est épouvantable l'âgisme. C'est dangereux, car on ne sait pas où ça va nous conduire», affirme-t-il.
Le Dr André Davignon ne cache d'ailleurs pas ses inquiétudes par rapport à l'euthanasie et à l'attitude de certains professionnels de la santé. Il affiche clairement sa position… Un discours que l'on n'entend pas fréquemment et qui a été reçu par une pluie d'applaudissements.
«Il faut lutter, car sinon ils vont soit nous avoir à l'écoeurement, avec des soins de plus en plus difficiles, soit de façon chrétienne, par compassion, en nous disant qu'ils ne peuvent pas laisser souffrir les pauvres vieux. Tout cela, c'est de la folie. On ne peut jamais savoir si une personne va mourir ou si elle va récupérer.»
Une Charte des droits et libertés des personnes âgées
Le conférencier a annoncé, lors de son passage à Joliette, que l'Observatoire vieillissement et société travaille à l'élaboration d'une Charte des droits et libertés des personnes âgées, une première au Québec. Ce document sera placardé dans tous les centres d'hébergement et endroits où vivent les aînés. «Et nous allons publier la liste des établissements qui ne voudront pas l'afficher.»

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