20 mars 2011

» Le patient a toujours tort | Le blogue de l'édito

Ariane Krol
Une dame de 80 ans doit se faire opérer pour un anévrisme. Une chirurgie majeure. Ses deux filles, qui habitent à Vancouver, traversent le pays pour être à ses côtés. La dame a subi une préparation assez pénible et reçu des médicaments pour l’intervention. L’équipe chirurgicale est prête mais…. l’opération est annulée à la dernière minute: il n’y a pas de lit disponible pour accueillir la patiente après.
Vous avez déjà entendu cette histoire? Elle s’est pourtant déroulée à Ottawa. Mais elle ressemble à tant d’autres cas vécus ici et dans d’autres provinces. C’est le médecin-chef de l’Hôpital d’Ottawa qui la raconte dans le Globe and Mail. Elle m’a frappée parce qu’elle illustre le grand mal de cette organisation qu’on appelle notre système de santé actuel: l’absence d’imputabilité.
Je ne parle pas des médecins, infirmières et autres professionnels qui ont, justement, une responsabilité professionnelle. Je parle du système et de ses composantes, comme les hôpitaux, qui ont perdu tout contact avec les responsabilités qu’ils devraient avoir comme organisation. On vous donne un rendez-vous pour une chirurgie, mais ça n’engage à rien. On a congé pour la Saint-Valentin, mais on ne se donne même pas la peine de le mentionner sur le message enregistré indiquant les heures d’ouverture. Le patient? Pffff!
On dirait qu’à partir du moment où il ne s’agit pas d’une question de vie ou de mort, tout est devenu acceptable. Une sorte de cercle vicieux où les problèmes connus justifient tous les autres. Il faut dire que l’inspiration vient d’en haut. L’hôpital qui se mettrait en tête d’offrir un service à la clientèle impeccable, en ne donnant pas tous ses rendez-vous de l’avant-midi à 8h du matin pour éviter aux patients de poireauter dans les salles d’attente, ne serait aucunement récompensé. Et je n’ose même pas imaginer ce qui arriverait à l’établissement qui ferait le choix de privilégier les chirurgies prévues sur tout le reste, y compris l’urgence.
Le Globe revient aussi sur les personnes âgées en attente d’hébergement ou de réadaptation qui encombrent des lits d’hôpital. Québec a annoncé récemment des investissements pour cette clientèle. Je veux bien, mais pourquoi avoir attendu tout ce temps: ça fait des années qu’on nous promet de libérer ces lits-là. J’irais même plus loin: pourquoi est-ce la responsabilité des hôpitaux de les garder en attendant? Tant qu’on leur demandera de gaspiller leurs ressources sur des gens qui ne sont pas malades, il ne faudra pas s’étonner qu’il leur en manque pour s’occuper des vrais patients. Mais cette clientèle-là n’a rien à dire, n’est-ce pas?

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