4 octobre 2010

Approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier

Lien vers le document PDF "Approche adaptée à la personne en milieu hospitalier" produit par l'IUGM et le MSSS, mais non disponible dans les publications du MSSS en septembre 2010.

Sommaire 

L’approche adaptée à la personne âgée en milieu hospitalier : un cadre de référence 

Ce cadre de référence a été conçu pour sensibiliser et outiller les professionnels, les gestionnaires et le personnel des centres hospitaliers au phénomène du déclin fonctionnel iatrogène, afin de le prévenir ou de l’atténuer. Après une revue de littérature exhaustive, une équipe de médecins et de professionnels de la santé s’est penchée sur ce phénomène et propose des façons d’améliorer sensiblement la qualité du séjour et des soins offerts aux personnes âgées en milieu hospitalier. Tout d’abord, les différences entre le vieillissement normal et pathologique sont clarifiées. Deux grands syndromes, le delirium et le syndrome d’immobilisation sont présentés, et un algorithme des soins cliniques est proposé, qui tient compte de ces deux problèmes que rencontrent les personnes âgées à l‘hôpital. Ce cheminement tient
compte de l’état de santé de base des personnes qui arrivent à l’hôpital et propose des interventions en trois paliers (1-2-3 ci-dessous), déterminés par la condition initiale, c’est-à-dire les facteurs prédisposants et la fragilité face au système hospitalier, c’est-à-dire les facteurs précipitants. 

Ainsi, au premier palier, les interventions systématiques (1) s’adressent à toute personne âgée se présentant à l’hôpital ou étant admise dans une unité de soins. Elles mettent l’emphase sur des activités de base (boire, marcher, manger, s’orienter dans le temps et dans l’espace) qui tiennent compte de la fragilité des personnes âgées. Au second palier, les interventions spécifiques (2), débutent lorsque l’évaluation du premier palier d’intervention démontre que la personne se détériore ou est plus vulnérable.

En plus de l’équipe soignante régulière, une équipe multiprofessionnelle de base vient ajouter à l’expertise. Finalement, si ces interventions ne sont pas suffisantes, on passera au troisième palier, soit à des interventions spécialisées (3), où une infirmière, formée pour intervenir auprès de la personne âgée, viendra supporter l’équipe et pourra à son tour faire appel à une équipe spécialisée en gériatrie et gérontologie clinique.

Cette stratification des interventions permet non seulement d’individualiser l’approche, mais aussi de recentrer les interventions en tenant compte de l’état de santé global de la personne âgée (approche globale) et non pas uniquement de son poumon malade ou de sa hanche fracturée par exemple (approche biomédicale conventionnelle). Pour cibler les éléments d’intervention spécifiques et déceler
précocement les signes d’installation ou la présence de conditions à risque, l’utilité de l’outil des signes vitaux gériatriques est soulignée. Cet outil, qui porte l’acronyme AÎNÉES, est issu du Projet interdisciplinaire d’OPTIMisation des soins aux personnes Âgées à l’Hôpital (OPTIMAH) du Centre Hospitalier Universitaire de Montréal. De plus, il permet d’obtenir une vue d’ensemble de la réponse du patient âgé aux soins et traitements dispensés.

Le système de santé, en grande réorganisation pour soutenir les personnes désirant rester à domicile, peine à s’adapter aux nombreux changements nécessaires pour ajuster son approche aux besoins fort diversifiés des personnes âgées hospitalisées. En effet, les pénuries de personnel, les débordements aux urgences, les nombreux préjugés dont sont victimes les personnes âgées rendent ces changements difficiles.

Ce cadre de référence propose donc également des principes directeurs pour les organisations hospitalières qui veulent prendre ce virage. En effet, les changements de pratique proposés doivent être soutenus, non seulement par une équipe de professionnels, mais par l’organisation toute entière. Un changement de culture important s’impose; il doit tenir compte des ajustements à faire, à tous les niveaux et dans tous les services de l’organisation. La collaboration interprofessionnelle, le rôle clé de l’équipe soignante de base, comprenant le médecin et les membres de l’équipe de soins infirmiers, l’importance de soutenir cette équipe dans une transformation qui dure dans le temps, sont mis en lumière dans le cadre de référence. Toutes ces transformations sont nécessaires pour tenir compte de la sensibilité particulière des personnes âgées à la dimension de la continuité. En effet, l’hôpital ne fait pas cavalier seul dans le système de santé : il faut tenir compte de l’avant et de l’après où les proches aidants et la famille sont des acteurs de premier plan, dans le mieux-être de leur parent.

Enfin, le cadre de référence insiste sur la nécessité de s’évaluer, de mesurer, pour s’améliorer : comparer la situation de départ à la situation souhaitée. Ainsi, des indicateurs de qualité (de résultats, de processus et de structure) sont proposés, afin d’aider les gestionnaires et les professionnels à choisir et à cibler leurs interventions d’amélioration dans l’approche aux personnes âgées.

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