24 octobre 2010

Services aux aînés dans le réseau de la santé et des services sociaux: un fossé entre le discours et la réalité ?

Des ressources intermédiaires insuffisantes

Les ressources intermédiaires (RI) ont le droit d’héberger plus de neuf personnes.
Mais en fait, l’Agence de Montréal encourage la création de RI pouvant accueillir entre
25 et 40 usagers. Les RI sont des petites entreprises, soit privées, soit plus rarement à but
non lucratif (OBNL). De fait, l’Agence de Montréal accepte maintenant des soumissions
pour des RI de 80 places, ce qui nous éloigne des services de proximité. L’entreprise
privée a demandé à l’Agence d’abolir sa norme de 40 lits maximum et l’Agence, toujours
au service de l’entreprise privée, a accepté.

Sous-financement des services à domicile

Selon une étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), en date du
22 mars 2007, le Québec est à l'avant-dernier rang des provinces concernant le
financement des services à domicile. Le Québec y consacre annuellement 91,66 $ par
habitant, comparativement à une moyenne canadienne de 105,29 $.

La « nouvelle gestion publique »

Le secteur public de la santé a adopté une nouvelle philosophie de gestion qu’on
appelle la nouvelle gestion publique, la NGP. C’est une gestion qui s’inspire de
l’entreprise privée : augmenter la performance, revoir les processus d’organisation des
services, etc. En théorie, c’est beau. En pratique, on ne gère pas des lits de CHSLD
comme une usine de petits pois. Sur le terrain, les intervenantes, infirmières, travailleuses
sociales, ont l’impression d’être pressées comme des citrons. Elles passent beaucoup de
temps à remplir des statistiques au détriment des services à la clientèle. En théorie, la
NGP prévoit que le personnel est consulté et que ses suggestions sont prises en compte
par la direction. Sur le terrain, ce n’est pas ce qu’on constate. Le personnel a l’impression
d’être consulté pour la frime et que les cadres en font à leur tête. L’approche autoritaire
domine.

Que faire ? Six pistes d’action.

La première, cesser toute fermeture de liste de longue durée, tant qu’il n’y aura
pas des places réellement disponibles pour les 1429 personnes en attente d’une place, que
ce soit en RI ou en CHSLD.
Deuxième piste d’action : conserver, dans les hôpitaux de courte durée, un certain
nombre de lits d’évaluation et de lits de transition, au lieu de faire déménager trois fois la
personne en attente d’une place définitive.
Troisième piste d’action : mettre fin à la privatisation, qui prend plusieurs formes.
Première forme : on oblige les usagers à aller dans le privé, au gros prix, parce qu’ils sont
tannés d’attendre une place dans le secteur public. Deuxième forme : les ressources
intermédiaires, c’est, dans les faits, à cause du nombre d’heures de soins requis, de la
privatisation de services, avec des salaires plus faibles, privatisation donc de services qui
étaient offerts auparavant dans le secteur public en CHSLD, avec des salaires plus
décents.
Quatrième piste d’action : il faut augmenter les budgets des services à domicile.
Dans la Presse du 6 mars 2008, on peut lire : « Le coprésident de la consultation, le Dr
Réjean Hébert, estime que les investissements nécessaires pour donner la priorité au
maintien à domicile en répondant adéquatement aux besoins se chiffrent à 500 millions
de dollars, au minimum » .
Cinquième piste d’action : il faut donner une taille plus normale aux gros
établissements, pour qu’ils puissent à nouveau fournir des services de proximité. La
Coalition Solidarité Santé a constitué un substantiel dossier noir sur les ratés des fusions.
Il faut enlever des CSSS les gros hôpitaux qui alourdissent leur fonctionnement sous le
fallacieux prétexte de la continuité des services. La réforme Couillard a été un échec
magistral que le gouvernement ne veut évidemment pas avouer. Bien sûr, c’est
décourageant de penser qu’il faudrait, à moyen terme, défusionner pour donner une taille
plus humaine aux établissements. Mais le développement du sentiment d’appartenance du
personnel à l’établissement passe par là. Et les services de qualité et conviviaux aux
usagers passent par là.
Sixième et dernière piste d’action : il faut que le MSSS, les Agences régionales et
les directions des CSSS cessent de minimiser les problèmes. Pour guérir un alcoolique, il
faut qu’il avoue son alcoolisme. Pour guérir le réseau de la santé, il faut qu’il avoue son
mauvais fonctionnement, au lieu, comme le fait David Levine, le pdg de l’Agence de
Montréal, de dire qu’il n’y a pas de problèmes et pas d’attente.

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