28 octobre 2010

Pas d'euthanasie pour les personnes inaptes | Louise Plante | Actualités

Intéressant. À lire...
Louise Plante
Le Nouvelliste
(Trois-Rivières) La directrice et fondatrice du Centre de ressources Alzheimer Carpe Diem, Nicole Poirier, a pris la parole hier, à Québec, au nom des personnes inaptes, devant la Commission Mourir dans la dignité.
N'ayant pu déposer de mémoire lors du passage de la commission en Mauricie parce qu'elle était absente de la région, Mme Poirier a tenu à faire entendre son opinion, surtout après avoir réalisé qu'un des cas d'espèce soumis à la réflexion du public par la commission, et susceptible de réclamer qu'on abrège une vie, concernait précisément un homme atteint d'Alzeimer.
«On fait valoir que la grande perte d'autonomie, la perte des facultés cognitives et la souffrance des proches pourraient justifier le recours à l'euthanasie pour les personnes qui en auraient préalablement exprimé la volonté», note-t-elle.
Or, s'insurge Mme Poirier, et c'est ce qu'elle a expliqué aux membres de la commission, il lui apparaît risqué et surtout prématuré de poser cette question, considérant les difficultés actuelles de la société québécoise à offrir des conditions de vie qui respectent la dignité intrinsèque de toute personne jusqu'à la fin de sa vie.
«En effet, ce sont souvent les piètres conditions de vie qui sont invoquées lorsqu'il est question d'éviter une fin de vie indigne et non la maladie elle-même», plaide-t-elle, en faisant allusion à une mauvaise alimentation, au gavage, à l'incontinence forcée, à l'abus des médicaments, au personnel mal formé et à l'isolement des malades: des causes de détérioration de la santé qui peuvent conduire une personne jusqu'à la dépression profonde.
«Ce sont ces conditions qu'il faut changer et qu'on peut changer, insiste-t-elle, avant de penser à l'euthanasie.»
Mme Poirier craint en effet que la société ne baisse les bras devant les efforts à consentir pour améliorer la qualité de vie jusqu'au bout.
Dans son mémoire de 22 pages, où elle prend la parole au nom des personnes inaptes, et elles seules, elle y va également de plusieurs recommandations qui impliquent, avoue-t-elle, un changement de mentalité important dans les institutions... et pour lequel elle se bat depuis des années.
Parmi ces recommandations, soulignons entre autres, une meilleure formation du personnel, l'encouragement des approches novatrices et de la créativité dans les services de soutien à domicile, la révision en profondeur de la culture et des offres d'hébergement aux personnes âgées et l'adoption de nouvelles formules non institutionnelles coopératives ou communautaires en lieu et place du recours au privé.
Elle suggère également de valoriser les emplois en milieu d'hébergement en enrichissant le travail et en relevant les processus de sélection du personnel afin de favoriser les compétences. De même, elle recomande de sensibiliser, impliquer et former les gestionnaires... et de mieux informer le grand public sur les avancées dans le domaine de la recherche.
«Favoriser l'euthanasie pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer lorsqu'elles arrivent à des phases avancées serait admettre qu'il est impossible au Québec de mourir dans la dignité en vivant jusqu'au bout de sa vie», de conclure Mme Poirier.

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